Historique du 120ème R.I.

La préparation à la guerre.

 

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Durant la guerre 1914-1918

Le Sanglier des Ardennes, emblème du 120ème, caractérise aussi ses origines.

Ardennais robustes, résistants à la fatigue et aux privations, solides travailleurs, tenaces et résolus dans la lutte; Picards au calme bon sens, à la tête froide, mais au cœur chaud, hommes aux qualités graves que tempéraient l'entrain et l'humour d'ardents Parisiens, telle est la solide armature dans laquelle se sont fondus, au cours de la guerre, des renforts provenant de toutes les régions de notre Pays. Tous ont noblement défendu d'abord, puis conduit à la victoire le drapeau de notre Régiment.

 

Au début d'octobre 1913, le 120ème, en exécution d'un nouveau plan de mobilisation de nos forces armées, quittait ses garnisons de Saint-Denis et de Péronne - il y était depuis quinze ans- pour venir grossir, à la frontière de l'est, nos troupes de couverture : l'activité militaire chaque jour plus inquiétante de l'Allemagne venait, en effet, de nous imposer l'obligation de la loi de trois ans. Ces importantes mesures eurent, au surplus, les effets les plus heureux pour nous : grâce à une couverture plus solide, notre mobilisation put s'effectuer dans les conditions les plus favorables.  Donc, le 120ème, sous les ordres du lieutenant-colonel breveté MANGIN, vint tenir garnison à Stenay, dans la Meuse, et constitua, avec les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs, une, nouvelle brigade, la 87ème, dont le chef, le Général CORDONNIER et l'état-major stationnèrent également à Stenay.

La 87ème brigade faisait partie de la 4ème division (Général RABIER, à Mézières), relevant elle-même du 2ème Corps d'Armée (Général GÉRARD, quartier général à Amiens).

Les quelques mois qui précédèrent la guerre furent activement consacrés à l'instruction des cadres et de la troupe, et à l'étude du terrain sur lequel, en cas de conflit, devaient se dérouler les opérations de couverture.

Quand l'Allemagne crut enfin devoir nous déclarer ouvertement la guerre, le 120ème, régiment de couverture, était prêt à entrer en campagne ; de nombreux exercices d'alerte l'y avaient solidement préparé.

1914

 

Période de couverture.

Le 31 juillet 1914, à 9 heures, l'ordre de mise en place pour la couverture parvenait au Lieutenant-Colonel commandant le Régiment.

En trois heures, les opérations prévues au plan étaient exécutées avec ordre et régularité. A midi, le premier échelon du Régiment quittait son casernement pour occuper les emplacements prescrits entre Stenay et Azannes. Il s'agissait d'organiser défensivement les positions occupées et de barrer la trouée de Stenay : mission de sacrifice qui devait permettre la concentration vers la frontière des troupes venant de l'intérieur.

Du 31 juillet au 9 août 1914, le Régiment travaille avec entrain à la mise en état de défense de sa zone ; le terrain est très mouvementé, parfois marécageux, coupé de nombreuses petites rivières.

Pas de combat, seulement quelques escarmouches avec des patrouilles de cavalerie ennemie.

Le 10 août, le Régiment, relevé de sa mission de couverture, va cantonner à Delut, quand il reçoit l'ordre de se porter entre Pillon et Mangiennes pour soutenir le 5ème Corps, fortement attaqué.

Il s'engage résolument à la gauche du 5ème Corps entre Pillon et Mangiennes, repousse l'ennemi au-delà de l'Othain vers Longuyon, s'empare de dix prisonniers dont un officier, de trois mitrailleuses, de chevaux et d'un matériel important.

Avec le concours du 42ème d'artillerie, il réussit à mettre hors combat une batterie de 77 et à faire fuir la cavalerie allemande. Nos braves soldats, pleins d'une fougueuse ardeur, refusaient de s'arrêter ; le commandement dut intervenir pour les empêcher de passer l'Othain où ils se seraient trouvés complètement en l'air.

L'ennemi laissait sur le terrain de nombreux morts, et tellement de blessés que le Général commandant la 7ème brigade crut devoir accorder un armistice aux Allemands pour leur permettre de nettoyer le champ de bataille.

A la suite de ce combat, le soldat MÈGE, de la 5ème compagnie, reçut la Médaille Militaire, la première donnée à un militaire du Régiment pour faits de guerre.

Furent, d'autre part, cités à l'ordre de l'Armée : le Lieutenant-Colonel MANGIN ; le Capitaine COLLIGNON ; le Lieutenant DICKSON ; les Sous-Lieutenants MAUMET et LEGUET ; les Sergents DESMARETS, PRÉVAL, DUBOIS et MAILLARD.

Offensive de Belgique : combat de Bellefontaine.

Le 18 août, le Régiment quitte Delut et, se portant vers le Nord, va cantonner à Flassigny.

Le 20, la Chiers est franchie à Velosnes, et le 2ème Corps, qui fait partie de l'IVe Armée (Général DE LANGLE DE CARY), entre, avec toute l'armée, en Belgique.

Le 21 au soir, le Régiment est groupé à Meix devant Virton.

Le 22, à la pointe du jour, avant-garde d'une colonne de la 4ème division, il se dirige sur La Hage-Bellefontalne, en direction de Tintigny.

A 7 h. 15, le 2ème bataillon (Commandant DESLIONS), tête du Régiment, atteint Bellefontaine, déjà tenu par notre 19ème Régiment de chasseurs, qui fait connaître que Tintigny, fortement occupé d'ailleurs, est aux mains de l'ennemi.

La 6ème compagnie, à droite, la 7ème, à gauche, se déploient en tirailleurs au nord de Bellefontaine ; elles sont appuyées par la section de mitrailleuses DICKSON, le gros du bataillon demeurant défilé aux vues dans Bellefontaine.

A 8 h. 50, le Général commandant la brigade prescrit de pousser le 2ème bataillon sur Tintigny, le 3ème bataillon (Commandant HOLSTEIN) se déployant à sa gauche, tandis que le 1er bataillon (Commandant BOUCHERON-SEGUIN) demeurera provisoirement en réserve de brigade.

A 9 h. 30, le 2ème bataillon se porte en avant. Presque aussitôt accueilli par un feu violent d'infanterie, partant de la crête boisée au sud de Tintigny, il se colle bientôt au sol.

Le 3ème bataillon peut, lui, effectuer son déploiement, mais, à son tour, il se trouve en proie à une forte attaque d'infanterie ennemie. A 9 h. 45, les deux artilleries adverses entrent en action et le combat prend de part et d'autre un caractère d'âpreté de plus en plus marqué. 

A 10 h. 45, le 1er bataillon est remis à la disposition du Colonel commandant le Régiment, qui l'engage, à sa droite, avec mission de couvrir notre flanc de ce côté.

A 12 h. 15, entre en ligne un bataillon du 147ème d'infanterie qui étaye notre front à gauche.

Vers 13 heures, nouvelle et puissante attaque allemande sur notre droite que renforce encore la compagnie DUPLANTIER, maintenue jusque-là à la garde du drapeau.

L'ennemi se rapproche de Bellefontaine dont il finit par border les lisières. On se bat même dans les rues du village, mais, aux sons d'une charge sonnée par le clairon LAMY, de la 5ème compagnie, nous réussissons à dégager les abords immédiats de Bellefontaine.

A 15 h. 25, une contre-attaque de nos chasseurs à pied (quatre compagnies du 18ème et une du 9ème, le tout sous les ordres du Commandant GIRARD, du 18ème bataillon), tombe dans le flanc gauche de l'ennemi ; Bellefontaine est, cette fois, entièrement à nous.

Au surplus, les Allemands paraissent épuisés et ils se replient, vers le soir, dans la direction du nord ; localement, nous sommes donc victorieux.

De nombreux blessés ennemis, rapportés par nos brancardiers dans nos lignes, déclarent que l'attaque contre Bellefontaine a été menée par trois régiments d'infanterie de leur 4ème division, dont les pertes seraient lourdes.

Le 120ème, relevé dans Bellefontaine, à la nuit tombante, par le 18ème bataillon de chasseurs, va cantonner à La Hage. .

Les pertes du Régiment sont cruelles aussi. Le Commandant HOLSTEIN ; les Capitaines de CONCHY, BÉZY, BALLARD, COLLIGNQN, GUILBERT, COGUELAT, DELAND'HUY ; les Lieutenants BENOIT, BLU, FRANCESCHI, GALLOPIN, MAILLARD, DE BERNON ET GAYE ; les Sous-Lieutenants BRYÈRES, KELLER, LEGRET, BRAUN, HUET DE GUERVILLE, SAINT-ROMAN sont tués ; nous avons encore 12 officiers blessés, 873 hommes hors de combat.

A cette occasion furent décorés de la Légion d'honneur : les Capitaines DE SÉRÉ et DORUT ; les Sous-Lieutenants PRÉ, COURTOIS, HUET DE GUERVILLE et LEGRET. Les Sous-Lieutenants KELLER, MAILLARD et BRAUN furent cités à l'ordre de l'Armée.

Hélas ! Le succès du 120ème et des chasseurs à Bellefontaine était tout à fait local. A notre droite, le IVe Corps d'Armée français à Virton : à notre gauche, les coloniaux à Rossignol, avaient échoué ; il fallut battre en retraite sur tout le front.

Le 23, à la pointe du jour, le Colonel reçoit l'ordre de replier le Régiment vers le sud en direction de Montmédy. Décrochage pénible en raison des conditions défavorables du terrain couvert de bois, avec des routes médiocres aux pentes très rapides, et de la tenaille dans laquelle l'ennemi, à droite et à gauche, tente en vain de nous enfermer.

 

Bataille de la Marne.

Retraite de la Belgique vers la Marne

Néanmoins, malgré les difficultés, nous atteignons Gérouville (Belgique), le 23, dans la soirée. Le 24, nous sommes en France à Avioth : le 25, aux abords immédiats de Montmédy ; le 26, nous traversons la Meuse, sur un pont de bateaux, à Cervisy, au nord de Stenay.

La poursuite de l'ennemi est : molle ; l'énergie de notre action à Bellefontaine lui fait craindre un retour offensif de notre part. Nous dépassons, la rage au cœur, notre ancienne garnison, navrés de voir sur les routes les convois d'émigrés, et profondément attristés d'abandonner à l'ennemi toute une région qui nous est devenue si chère.

Après la destruction des ponts de la Meuse, le Régiment prend position dans la forêt du Dieulet, près de la Neuville, face à la Meuse et à Stenay.

Le 27 août au matin, l'ennemi, qui veut passer le fleuve, lance des ponts de bateaux, à Cesse, en aval de Stenay. Ces ponts sont coupés par notre artillerie et, dans la journée, un combat s'engage jusqu'au corps à corps pour rejeter à la Meuse les unités ennemies qui l'ont déjà traversée et sont sur la rive gauche.

Le Général CORDONNIER, commandant la brigade, exécute personnellement cette charge mémorable avec le corps colonial, soutenu par un de nos bataillons de chasseurs.

Les ennemis qui ne sont pas tués sont noyés dans la Meuse : aucun ne peut repasser le fleuve.

Malheureusement, l'artillerie ennemie, en position dans les bois d'Inor, a bombardé nos positions pendant toute la journée et nous a occasionné des pertes. Le Commandant BOUCHERON-SEGUIN, le Capitaine STEFF, le Sous-Lieutenant PILLARDEAU sont tués et inhumés dans le petit cimetière de Beaufort. .

A partir du 28, la retraite française est reprise par Bussang, Grand-Pré, Grand-Ham. L'ennemi nous suit, sans beaucoup d'ardeur dans la poursuite. Nous tenons des positions le jour et retraitons la nuit. Retraite cruelle, dans un terrain accidenté, n'offrant pour la marche que des routes étroites et insuffisamment entretenues. Nous traversons ainsi les fameux défilés de l'Argonne : fatigue considérable, ravitaillements difficiles ; tout le monde est anxieux.

La 120 ème traverse Sainte-Menehould.

Le 1er septembre, le Lieutenant-Colonel MANGIN, promu Colonel prend le commandement de la brigade ; il est remplacé à la tête du Régiment par le Lieutenant-Colonel breveté GIRARD, l'ancien Commandant du 18ème bataillon de chasseurs. Le Commandant breveté LETELLlER prend le commandement du 1er bataillon ; le Capitaine LECOMTE, promu Chef de bataillon, prend le 3ème bataillon. .

Le 4 septembre, au cours d'un engagement avec la cavalerie ennemie, à Braux-Saint- Rémy, nous faisons des prisonniers.

Le 5, la compagnie DUPLANTIER, qui leur a tendu une embuscade, met hors de combat sept cavaliers ennemis.

Nous nous arrêtons le soir à Sermaize, avec ordre de tenir les ponts sur le canal de la Marne au Rhin et sur la Saulx.

Le Régiment doit s'étendre sur le front d'Andernay à l'est, à la ferme d'Ajot à l'ouest : ces dispositions sont prises. Mais, dans la journée, le commandement supérieur nous donne de nouveaux ordres. Avec six compagnies seulement du Régiment et un groupe d'artillerie, le Commandant LETELLlER devra défendre le front primitivement fixé pour tout le régiment. Avec les six autres compagnies le Lieutenant-Colonel GIRARD ira, plus au sud, organiser un barrage dans la trouée de Cheminon.

Dès le 6 au matin, l'artillerie ennemie, fort nombreuse, en position sur la hauteur d'Alliancelles, canonne Sermaize et ses environs.

Le 7, le feu des canons allemands redouble de violence, et l'infanterie ennemie commence ses attaques sur tout notre front. Elle finit par pénétrer dans Sermaize où s'engage un combat de rues. Le soir, le Commandant LETELLIER, pour n'être pas encerclé par des forces très supérieures numériquement, évacue lentement ses lignes et se replie en bon ordre sur le gros du Régiment vers Cheminon. Le Sous-Lieutenant RICHE est tué.

Les 8 et 9, combats dans les bois entre Sermaize et Cheminon. La pression de l'ennemi ne cesse de s'accentuer au cours de ces journées ; les pertes du Régiment sont déjà de 378 tués, blessés ou disparus, dont le Capitaine LOUIS, les Sous-Lieutenants BALLEYGUlER, DE VINCELLES, MÉRY.

Le 10, à notre gauche, Maurupt, que défend un régiment de la 3ème division, tombe aux mains de l'ennemi ; Cheminon est violemment bombardé. Le 11, alors que nous nous tenons prêts à subir un assaut décisif, nos patrouilles, à la surprise générale, signalent le vide devant nous, le vide encore à Maurupt. L'ennemi bat en retraite en hâte. Trois colonnes (comportant chacune de l'infanterie, de la cavalerie et un peu d'artillerie), sous les ordres du Lieutenant-Colonel commandant le Régiment, se lancent à sa poursuite.

A 14 heures, Sermaize est réoccupé ; Remenoncourt, Alliancelles le sont deux heures plus tard ; nous faisons dans ces différentes localités de nombreux prisonniers blessés.

C'est la victoire de la Marne.

A la suite des combats de Sermaize, furent cités à l'ordre de l'Armée : les Capitaines DE SÉRÉ, DUPLANTIER ; les Sous-Lieutenants BALLEYGUIER, DE VINCELLES, GAUDROT ; l'Adjudant KOLB ; le Sergent LHERMS les Soldats BLONDIN, HOUZIAUX, DHENIN, BRILLOIS, DIDRICH, MAIRON et LUCK.

L'Argonne

Reprise de la marche en avant,

Le 12 septembre, toute la 4ème division, comme toute l'armée d'ailleurs, reprend la marche en avant dans la direction du nord. Le 120ème cantonne à Nettancourt où nous arrivent d'importants renforts, qui portent l'effectif de nos unités à plus de 250 hommes par compagnie.

Le 14, nous retraversons, musique en tête, Sainte-Menehould et cantonnons à Moiremont ; de nouveaux prisonniers ennemis sont faits dans ces localités.

Le 15, l'ennemi rejoint fait enfin face, installé sur des positions organisées par ses réserves.

Le bois de la Gruerie

Tandis que le gros de notre division, s'engage dans un violent combat à Servon, le 120ème reçoit l'ordre de se porter par Vienne-le-Château, la Harazée, à travers le bois de la Gruerie sur Binarville.

Marche lente et pénible, sous une pluie battante et glaciale, par des sentiers à peine tracés et absolument détrempés. Les compagnies doivent avancer en colonne par un, les trois bataillons sur le même front (de gauche à droite : 1er, 2ème et 3ème bataillons).

A 16 heures, répondant aux appels pressants du Général de division, dont les forces luttent désespérément dans Servon, le Lieutenant-Colonel se résigne à précipiter l'attaque du 1er bataillon ; puis, un peu plus tard, celle des 2ème et 3ème bataillons qui ont à effectuer, à travers un bois très serré, un changement de direction du nord vers l'ouest.

L'artillerie ennemie est en vue, en position enterrée à 212, à l’est de Binarville.

Le 2ème bataillon se jette littéralement à l'assaut de ces batteries, mais il est arrêté à 200 mètres à peine des canons par les feux à mitraille de ceux-ci et par celui des mitrailleuses qui le protègent. (Le Capitaine VOGEL se distingue ce jour-là tout particulièrement.)

Même insuccès, pour la même raison, au 3ème bataillon qui attaque, un peu plus tard, au nord-est de Binarville.

Nous tenons cependant les lisières ouest du bois de la Gruerie jusqu'au moulin de l'Homme-Mort, et passons la nuit, toujours sous une pluie diluvienne, sur les positions conquises.

Cette journée aura coûté 351 hommes au Régiment ; le Sous-Lieutenant COURTOIS et le Sous-Lieutenant CHARUE sont tués.

 Dès lors, va commencer, pour le 120ème, une période sévère qui comptera dans les fastes du Régiment.

Nous aurons à lutter contre le 16ème Corps allemand (Général VON MUDRA), celui de Metz, spécialement entraîné à la guerre de forteresse et, à cet effet, muni de moyens puissants (minenwerfers, grenades à main, voie de 60), dont nous sommes jusque-là fort dépourvus. D'autre part, toujours persuadés que la marche en avant va reprendre, nous ne nous mettons qu'à regret à organiser le terrain que le mauvais temps et bientôt l'hiver vont rendre dans ces bois, fort peu habitable.

Huit fois, le Régiment, qui prendra ses repos à la Placardelle ou à Florent, remontera en ligne et la lutte revêtira, dans ce bois de la Gruerie dont l'ennemi veut absolument s'emparer, un caractère exceptionnel de violence.

1er Séjour. - Le 16 et le 17 septembre, échange continuel de coups de feu ; nous sommes au bivouac, dans les bois, avec des ravitaillements et des évacuations de blessés difficiles à effectuer.

Le 18, relevés par des unités de la 3ème division, nous nous reportons en arrière, d'abord à la Harazée, puis à la Placardelle, où nous travaillons à l'organisation d'une position de repli.

2ème Séjour. - Nous rentrons en ligne le 24 septembre (1er bataillon à l'ouest, 2ème bataillon au centre, vers le Moulin de l'Homme-Mort ; 3ème bataillon, à l'est, avec postes avancés à 198 et au carrefour des Quatre-Chemins).

Le 25, l'ennemi nous attaque sur notre droite, mais il échoue, laissant une trentaine de morts sur le terrain (le Capitaine FlSCHBACH, commandant la 12ème compagnie, est splendide d'entrain et de décision dans cette affaire); le Sous-Lieutenant OUY est tué.

Nouvelle attaque ennemie dans la nuit du 26 au 27 septembre, cette fois sur le front du 1er bataillon, attaque trois fois renouvelée, trois fois repoussée.

Par ordre supérieur, et pour éviter des pertes d'isolés, les détachements de l'Homme- Mort, de 198 et des Quatre-Chemins, rentrent dans nos .lignes. Entre temps, la compagnie du génie divisionnaire (Capitaine TÊTEVUlDE), secondée par nos unités de réserve, organise, à l'intérieur du bois, une solide position de repli qui sera occupée, dès le 29, à la suite d'une violente attaque dirigée contre notre 2ème bataillon dont le Commandant THIRY vient de prendre le commandement. Le Lieutenant DOBREMEL est tué.

Et, sans changement appréciable dans les situations respectives, la lutte se poursuivra, incessante, meurtrière de part et d'autre, jusqu'au 10 octobre où, enfin, après seize jours consécutifs de combats, le Régiment, que mine d'autre part la fièvre typhoïde, sera relevé et ira se reconstituer et se faire vacciner à Florent.

3ème Séjour. - Le 18 octobre, nouvelle montée en ligne. 

Le 23, attaque particulièrement violente contre notre 3ème bataillon (le Commandant LBCOMTE, le Capitaine ARTHAUD et le Lieutenant CHARRE sont grièvement blessés, le Capitaine DUBUS et les Sous-Lieutenants MARCUS et FOURNIER sont tués). Une contre- attaque nous remet en possession totale de nos tranchées un instant perdues de ce côté.

Repos à Florent du 27 au 31 octobre.

Dès le 29 octobre, le Commandant MORBAU, de l'Infanterie coloniale, est venu prendre le commandement du 3ème bataillon.

4ème Séjour. - Du 1er au 6 novembre : attaques allemandes continuelles sur notre front est, à Bagatelle, où l'ennemi nous enlève deux tranchées. Le Capitaine DUPLANTIER et les Sous-Lieutenants DE TRISTAN et DE NEUVIER sont tués.

5ème Séjour. - Du 11 au 16 novembre.

Attaque ennemie le 12 au centre ; une tranchée, un instant perdu, est reprise aussitôt par le Capitaine VOGEL, qui est grièvement blessé au cours de cette opération. 

Nouvelles attaques le 13 ; nos pertes, ce jour-là, sont lourdes : 177 hommes hors de combat.

6ème Séjour. - Du 21 au 24 novembre.

Le 22, très violente attaque contre notre 3ème bataillon, le plus à l'est. Le Commandant MOREAU et le Capitaine VALLÉE sont tués ; le Sergent-Major CABOCHE, qui sera plus tard cité pour ce fait d'armes, se distingue particulièrement ; dans la troupe ; il y a 23 tués, 197 blessés ou disparus.

Nouvelle attaque le 23 contre les 1er et 3ème bataillons (Sous-Lieutenant GRISOT tué). Nous sommes relevés, sauf le 1er bataillon qui va occuper un nouveau secteur à l'est, celui de Fontaine-Madame. Une section (Sergent OUSTRY) s'empare d'une tranchée ennemie dont les occupants sont faits prisonniers.

7ème Séjour. - Du 7 au 14 décembre. Calme relatif, mais le Lieutenant CORGERON est tué.

Le 17 décembre, alors que nous sommes au repos à Florent, un de nos bataillons de Chasseurs perd du terrain et subit de très lourdes pertes. Notre 3ème bataillon est aussitôt alerté ; il exécute contre les tranchées ennemies une vigoureuse attaque qui donne des résultats importants (les Sous-Lieutenants MINEREAU et HOLLÉVILLE sont tués).

8ème Séjour. - Du 24 décembre au 8 janvier 1915. Cette fois, nous demeurerons quinze jours en ligne ; nous consolidons nos positions et rendons vaines toutes attaques ennemies contre nous.

Enfin, nous revenons à Florent pour la dernière fois, heureux pour ceux qui survivent en bonne santé - de sortir de cette fournaise au cours de ces trois mois et demi, nous avons perdu 1.400 des nôtres, tant tués, blessés que disparus.

Au cours de notre séjour en Argonne, les récompenses suivantes avaient été attribuées à des militaires du régiment :

Officier de la Légion d'honneur : Commandant LECOMTE.

Chevaliers : Capitaines FISCHBACH et VOGEL ; Lieutenants LEROY et MARQUlON ; Sous-Lieutenant LECLERCQ.

Médailles militaires : Sous-Lieutenant VIGNY, Sergents DALIZY et WALEAU ; Capitaines JOUVAL et CAILLET ; Soldats TABAR et MONTEST.

En outre, avaient été cités à l'ordre de l'Armée :

Le capitaine VOGEL : vigoureux officier, blessé grièvement le 15 septembre, à Binarville, en conduisant sa compagnie à l'assaut d'une batterie allemande qu'il cherchait à enlever et dont il était à 30 mètres seulement au moment où il fut blessé.

Capitaines FISCHBACH et DAGALIER.

Lieutenants ARTAUD, CHARRE.

Lieutenant DELEUTRE d’IVOI et sous-lieutenant MODESTE, de la 10ème compagnie : Le 2 octobre, au cours d'une violente attaque de nuit des Allemands, ont maintenu leur ascendant sur les hommes de leur unité et ont repoussé l'attaque par des salves à bout portant, aux cris de : « Vive la France ! »               .

Lieutenant LOUIS, dans les attaques du 18 et 19 décembre, s'est toujours tenu en tête de sa troupe, qu'il a entraîné par son exemple et par son courage. Jeune Saint-Cyrien, plein d'allant, qui commande depuis plus de deux mois sa compagnie, avec un rare doigté. Sous-lieutenants COLLINET, LE CLERCQ, LE BAIL.

Adjudant TAZANNE.

Sergents major BERCE, LANGLET.

Sergents BOMBARDIER, OUSTRY, DESMENETS, LEBON, MAILLARD, GRIVAL Caporaux DUBRULLE, MAYER, BILLARD.

 Soldats ALEXANDRE, BRIDOUX, BOUTHARS, SAVOIE, DEMARLY, DUCASTEL, DUBOIS, LARUE, LECERF, DEMOUCHY, MARÉCHAL, ANCASTEL, CHENET, LEVALLARD, WAQUET, FRANQUEVlLLE.

Soldat MENAT, blessé, en s'approchant à 15 mètres d'une tranchée ennemie pour en reconnaître la force de l'occupation. Mission que deux de ses camarades avaient cherché à remplir et où ils avaient été tués, est allé, une fois sa mission remplie, se faire panser, puis est revenu de suite sur la ligne de feu.

1915

7ème : Période de demi-repos et de marches.

Le 18 janvier, nous sommes dirigés un peu plus vers l'est et placés en réserve dans la région de La Chalade (P. C. du Colonel à la maison forestière du Four-aux-Moines).

A partir du 25, le Colonel obtient du Commandement supérieur qu'un bataillon du régiment, par alternance avec les deux autres (qui seuls occuperont les tranchées de la position de réserve) viendra s'installer en cantonnement à Aubreville et il en sera ainsi, par roulement, jusqu'au 18 février.

Le 19, l'état-major et la compagnie hors-rang se rendent, par voie ferrée, d'Aubreville à la Neuville-aux-Bois.

Le Régiment ne tarde pas à les y rejoindre ; repos jusqu'au 22 février.

Du 23 au 27, nous faisons mouvement par voie de terre ; nous sommes destinés à prendre part à une offensive en Champagne Itinéraire : Vieil-Dampierre, Herpont, Abris de Somme-Tourbe.

Les citations, jusque-là faites uniquement à l'ordre de l'année. Sont alors étendues à tous les échelons jusqu'au Régiment. Les trois premiers cités à l'ordre du Régiment furent le Sergent-Fourrier FORESTlER, de la 5ème compagnie, les Soldats LEGUAY et GAROT de la 7ème compagnie.

8ème : Offensive de Champagne.

Le 3ème bataillon (Commandant PUCHOIS) est alerté le premier et va, dans la nuit du 27 au 28 février, par Laval et Wargemoulin, bivouaquer aux abris Guérin (1 km. sud de Mesnil-Ies-Hurlus).

Le lendemain matin, utilisant un boyau assez étroit, il se porte jusqu'au ravin des Nusmes où les hommes prennent un repas.

Une vigoureuse préparation d'artillerie commence alors, durant laquelle les sacs du 3ème bataillon sont déposés au bois de la Truie.

A 16 heures, attaque d'infanterie : 120ème et 51ème conjugués. Nous enlevons deux positions allemandes et réalisons en profondeur une progression importante.

Mais la journée nous a coûté cher. Le Commandant PUCHOlS, le Capitaine PRINTEMPS, le Lieutenant LOUIS, les Sous-Lieutenants MASCRÉ, PORAS et LEBAS sont tués ; 56 tués encore dans la troupe, 333 blessés ou disparus ; par contre, nous faisons de nombreux prisonniers appartenant à la Garde Impériale.

Dans la nuit du 28 février au 1er mars, le 1er bataillon renforce le 3ème.

Le 1er mars au matin, l'état-major du Régiment est au bois de la Truie ; le 2ème bataillon, le plus à droite des trois, occupe les tranchées ouest de la ferme de Beauséjour.

De nouvelles attaques dans la journée nous assurent un nouveau gain de terrain (Sous- Lieutenant BULLOT tué).

Le 2 mars, nous faisons une attaque générale pour enlever les tranchées ennemies entre la ferme Beauséjour et la Cote 196.

L'attaque du 1er bataillon réussit pleinement et nous assure de nouveaux progrès vers le nord-ouest ; aux 3ème et 2ème bataillons, le succès est moins net ; cependant, nous enlevons un ouvrage fortifié dont les défenseurs sont faits prisonniers.

Mais l'ennemi, manifestement renforcé, surtout en artillerie, nous occasionne, des pertes douloureuses : le Commandant THIRY est tué d'une balle au front ; nous avons, d'autre part, 135 tués, 438 blessés ou disparus (Sous-Lieutenants COMPOINT, DUBUS, PELLETIER, ROGER tués).

Par contre, nous faisons 150 prisonniers, capturons un canon et de nombreuses mitrailleuses.

Le 3 mars, l'ennemi, de plus en plus renforcé, contre-attaque : un instant, nous perdons une partie de nos tranchées, mais nous les reprenons totalement deux heures plus tard (les Sous-Lieutenants GAUDROT et ROLLAND sont tués).

Du 4 au 9 mars, le 120ème tient et organise les positions conquises, réalise même de nouveaux progrès, résiste, en tout cas, victorieusement, aux nombreuses contre-attaques allemandes (Capitaine DICKSON et Sous-Lieutenant TRIBOUT tués),

Le 10 mars, nous sommes relevés en commençant par le 3ème bataillon, et allons, grâce à l'arrivée de renforts, nous reconstituer aux abris de Somme-Tourbe.

Le Commandant JACQUET, venant du 36ème d'infanterie, prend le commandement du 2ème bataillon, le Commandant LAMBIN, venant du 116ème, celui du 3.

Le 17 mars, le Régiment va relever le 91e dans les tranchées au nord de Mesnil-Ies-Hurlus.

P. C. du Colonel : au bois Jaune ;

1er bataillon, en liaison avec le 147ème d'infanterie (deux compagnies en réserve de régiment), est le plus à l'ouest ;

Le 3ème bataillon au centre ; au bois Trapèze ;

Le 2ème bataillon, plus à l'est.

Ce secteur est en voie d'organisation ; il est l'objet d'un bombardement constant de la part de l'ennemi ; malgré tout, nos unités s'accrochent au terrain et s'y installent solidement, la 8ème compagnie (Capitaine DAGALIER) réalise même une belle avance à la grenade.

La 2ème section de la 5ème compagnie est citée à l'ordre (Sergent MARTIN, Caporal BRETTE, Soldats LANTE, GRASSET, DAIRAINES).

Le 24, le Régiment, relevé, revient aux abris de Somme-Tourbe.

A la suite de celle série de durs combats. (Plus de 1.700 hommes hors combat) et des succès remportés, le Régiment est cité à l'ordre de l'armée :

Le 120ème régiment d'infanterie, sous le commandement du lieutenant-colonel GIRARD, a fait preuve de la plus magnifique bravoure dans les journées du 28 février et du 1er mars. A brillamment enlevé une position allemande dont il a poursuivi les défenseurs, la baïonnette dans les reins. A résisté pendant trois jours à des contre-attaques incessantes, fait de nombreux prisonniers et infligé aux meilleures troupes ennemies des pertes considérables.

En outre, sont cités individuellement à l'ordre de l'Armée :

Le lieutenant-colonel, le commandant LETELLIER, le commandant PUCHOIS, le commandant THIRY (excellent chef de bataillon, ayant un ascendant considérable sur ses officiers et sur sa troupe, d'une grande bravoure, d'un calme admirable, homme de décision. Est tombé au champ d'honneur au moment où il dictait ses ordres, en vue d'un assaut qui a réussi au-delà de toute espérance, ses hommes ayant à cœur de venger sa mort.)

Le capitaine. PRINTEMPS, les sous-lieutenants PELLETIER, MASCRÉ, .SAINT-RÉMY, GlRARDEAU, GAUDROT, BOURDON, DUBUS, l'adjudant NICOLAS, le sergent RENARD.

Le soldat GAGNARD, blessé à quatre reprises différentes, s'est fait panser,

Puis a refusé de quitter le front. A fait preuve, à maintes reprises, de hardiesse et d'initiative intelligente.

Enfin, Ies sous-officiers LIMON, BLANCHEMANCHE, MONGlN, SAUMONT sont nommés sous-lieutenants (22 mars).

Le 24 mars, le Régiment, enlevé en camions autos, vient cantonner à Herpont où il se reposera jusqu'au 29.

Le 25, il est passé en revue par le Général JOFFRE, Commandant en chef.

Le 30, mouvement par voie de terre et cantonnement à Belval.

Le 31, le Régiment est à Saint-André ; les 1er et 2 avril, à Senoncourt ; le 3, à Sommedieu ; les 4 et 5, à Watronville, au pied des côtes de Meuse, et, enfin, le 6 avril, dans la plaine de Wœvre, aux abris du bois de Manheulles.

9ème : Offensive en Wœvre.

De nouvelles épreuves attendaient notre héroïque Régiment. La pluie se mit à tomber avec rage, transformant la plaine de Wœvre en un véritable marécage. Impossible d'y creuser des tranchées : elles étaient aussitôt remplies d'eau. Il fallait donc se résigner à entasser les uns sur les autres des sacs remplis de terre ou à placer sur le sol des gabions : travail très dur et lent.

Nous avons, en outre, à lutter contre un adversaire installé sur ses positions depuis plusieurs mois. Il a eu le temps de bétonner ses tranchées de première ligne. Il a de puissants réseaux de fils de fer ; des observatoires également bétonnés lui permettront de mettre à mal nos batteries de soutien au fur et à mesure que celles-ci viendront prendre leur emplacement de combat.

Aussi, comme cela va être dit, nos efforts n'aboutiront qu'à un échec sanglant sur ce théâtre d'opérations. Quoi qu'il en soit, le Régiment arrive le 7 avril à Pintheville, à environ 3 kilomètres des premières lignes ennemies. .

Les 1er et 2ème bataillons s'installent tant bien que mal à 1.500 mètres à l'est de Pintheville ; le 1er au sud, le 2ème au nord de la route de Verdun à Metz, axe de notre manœuvre. Notre objectif principal est le village de Maizeray.

Le Colonel se placera sous la route même (elle est un peu en remblai), dans l'eau comme tout le régiment.

Le 3ème bataillon demeure provisoirement en réserve à Pintheville.

Du 8 au 11, nous gagnons du terrain en avant : 600 mètres le 9, une centaine de mètres encore le 10.

Le 11, préparation d'artillerie, mais celle-ci est peu efficace pour les raisons données plus haut, et aucune brèche n'est faite ce jour-là dans les réseaux de l'adversaire.

Le 12, l'artillerie reprend son tir et les trois bataillons sont mis en ligne ; dès le matin, le Commandant JACQUET, du 2ème bataillon, est tué.

Une attaque générale doit avoir lieu vers 13 heures, mais les réseaux allemands tiennent toujours, et nous sommes voués à l'impuissance. Seule, la 3ème compagnie qui dispose d'une brèche, assez étroite d'ailleurs, se porte à l'assaut sous les ordres de son commandant de compagnie, le Lieutenant DÉCHIN. Mais elle est décimée au cours de son avance, et une quinzaine d'hommes qui, entraînés par le brave DÉCHIN, arrivent jusqu'à la tranchée ennemie, y sont entourés et pris. Le Lieutenant DÉCHIN, grièvement blessé, ne tardera pas à mourir, en captivité, des suites de ses blessures. La 3ème compagnie est citée à l'ordre de l'Armée pour sa bravoure et son esprit de sacrifice. Le Soldat DESCHAMPS, blessé pour la troisième fois, est aussi cité à l'ordre de l'Armée.

Le 14, le Régiment, à bout de souffle, est relevé par le 147ème et va cantonner à WatronvilIe.

Au cours de ces journées, nous avons perdu 131 tués (dont le Commandant JACQUET, commandant le 2ème bataillon ; le Sous-Lieutenant CHAMBON), et 389 blessés ou disparus (le Capitaine ROUSSEAU ; les Lieutenants DÉCHIN, NORMANDIN, BAIGOS sont blessés). .

Dans la période de repos, du 14 au 23 (à Manheulles-Haudiomont), nous recevons un sérieux renfort : 11 officiers et 800 hommes.

10ème : Occupation du Secteur de Fresnes-en-Wœvre et Les Eparges.

Du 24 avril au 20 juillet, la mission du Régiment, moins sévère que les précédentes, lui permettra de se refaire et de souffler un peu. Il alternera, en effet, avec les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs dans l'occupation du secteur, relativement calme de Fresnes en Wœvre-Trésauvaux, dont le Lieutenant-Colonel GIRARD prendra définitivement le commandement permanent à partir du 11 mai, le Régiment étant secondé dans sa tâche par le 117ème territorial.

Puisque, dans ce secteur, aucune offensive n'est prévue, il s'agit de rendre aussi une telle opération presque impossible à l'ennemi, et, en même temps, de ménager les efforts du Régiment. En conséquence, le Colonel, faisant aménager par gabions et fascines des tranchées solides avec postes d'écoute et réseaux de fil de fer renforcés, obtient, avec de la patience, beaucoup de travail et du temps, que, grâce aux travaux exécutés, très peu de monde se trouve en première ligne, la majorité des unités vivant au demi-repos, dans d'assez confortables tranchées de deuxième ligne .et troisième ligne, où les pertes sont légères. Cependant, du fait de l'effondrement d'un abri, effondrement provoqué par un obus .ennemi de gros calibre, nous perdons, à Fresnes même, le Commandant TOUCHARD, le Capitaine REYSOLLET, les sous-Lieutenants GRUEL et BENNETEAU.

Le 27 avril, le Lieutenant-Colonel, commandant le Régiment, est blessé au bras, mais garde son commandement.

Le 2 mai, le Capitaine AUVINET est blessé mortellement ; le Sous-Lieutenant BARBAT tombe le 12.

Les 3 et 23 juin, sont remises les premières croix de guerre aux militaires du Régiment, cités antérieurement à l'ordre de l'Armée (le Colonel, le Commandant LECOMTE, les Capitaines FISCHBACH, GIROUD DE GAND et DURAND ; le Lieutenant D'IVOI ; les Sergents LUCK et DOUZÉ ; le Caporal MERLIER ; le Soldat DUCASTEL).

Le 25 juin, les Soldats GOUÉROU, MADIT et CRÉPIN, exécutent une reconnaissance dangereuse qui nous permet de faire le lendemain 17 prisonniers (déserteurs polonais) ;

Nos trois braves sont cités à l'ordre :

Patrouilleurs volontaires, se sont portée de nuit à proximité immédiate des lignes allemandes où, dissimulés, pour y observer, dans les hautes herbes, ils sont demeurés toute une journée dans une situation critique et sous le feu de l'ennemi. Ont rapporté des renseignements précieux. Le chef de patrouille GOUÉROU est, en outre, nommé Caporal.

Le 4 juillet, le Commandant LETELLIER, commandant le 1er bataillon, est promu

 

Lieutenant-Colonel et prend le commandement du 155ème d'infanterie. Il est remplacé au 1er bataillon par le Capitaine MÉRITTE.

A partir du 22 juillet et jusqu'au 26 septembre, le Régiment changera à nouveau de secteur : il ira occuper celui des Eparges ; secteur dur à tenir où les troupes sont en alerte continuelle et où les pertes vont redevenir sévères (93 tués, dont 50 ensevelis, 152 blessés).

L'ennemi bombarde, en effet, sans arrêt nos positions avec des mines de gros calibre et par des torpilles fort dangereuses.

Les deux adversaires s'y livrent, d'autre part, une guerre de mines acharnée.

En général, lorsque nous sommes en ligne, le 1er bataillon tient le village des Eparges et ses abords ; le 2ème bataillon occupe le centre du secteur ; le 3ème bataillon la partie nord à gauche.

Au repos, nous sommes au camp des Romains, quelquefois à Bonzée-Montgirmont.

Les incidents marquants à noter durant cette période sont les suivants :

Le 18 août, le Lieutenant-Colonel GIRARD, nommé chef d'état-major du 32ème Corps, quitte à .regret son Régiment dont le lieu tenant-Colonel CIGNA, du 202ème, vient prendre le commandement.

Le 30 août, pour .la première fois, le Régiment reçoit des casques qui vont protéger à la tête nos vaillants combattants.

Le 2 septembre, la 9ème escouade de la 5ème compagnie est citée à l'ordre de l'armée.

La 9ème escouade de la 5ème compagnie, placée sous les ordres du Caporal DAUCOISNE, réduite à trois hommes, par suite du départ de sept blessés, a fait preuve d'énergie et de volonté en demeurant courageusement à son poste sous des feux croisés de grenades et de fusil.

Le 12 septembre, le Général LEBRUN, commandant la 4ème division, remet la Croix de guerre au drapeau.

Le 15, l'ennemi fait sauter une mine qui bouleverse 60 mètres de nos tranchées et ensevelit le Sous-Lieutenant SAINT~RÉMY et 50 des nôtres.

Le 16, grâce à un travail de nuit acharné, toutes nos tranchées sont remises en état.

Le 21, c'est l'explosion de deux de nos mines qui, à leur tour, occasionnent de lourdes pertes à l'adversaire.

Enfin, le 26 septembre, nous quittons définitivement les Eparges et le trop fameux ravin de la Mort pour, aller occuper le secteur du Bois-Haut, sur la tranchée de Calonne. Nous n'y demeurerons que quatre jours, jusqu'au 30 septembre, pour aller prendre un court repos à Sommedieue, où des renforts (24 septembre-1er octobre) : 464 hommes, vont recompléter les effectifs de nos compagnies

11e : Nouveau séjour et combats en Champagne.

Le 2 octobre au matin, départ de Sommedieue, en camions autos. Débarquement à. Verrières, à 3 kilomètres au sud-est de Sainte-Menehould.

Repos le 3.

Le 4, départ de Verrières, toujours en camions autos, à destination, cette fois, de Somme-Suippe où nous arrivons de nuit pour aller bivouaquer (abris de Cabanne et Puits) entre Somme-Suippe et Perthes. Nous y demeurerons jusqu'au 8 octobre.

Nous sommes, au surplus, à nouveau dans cette région de la Champagne pouilleuse, où nous avons déjà combattu en mars dernier : pays de la craie avec quelques bouquets de sapins rabougris ; pays pauvre et désolé.

Le 8, dans la soirée, le Régiment reçoit l'ordre d'occuper, en remplacement du 19ème d'infanterie, le secteur du Gril, au nord-est de Perthes.

La relève, commencée à 20 heures, est considérablement gênée par un violent bombardement par obus lacrymogènes ; les boyaux d'accès sont. d'autre part, très étroits et l'avance ne s'y fait que lentement : nos derniers éléments ne sont en place que le 9, à 10 heures.

Le Sous-Lieutenant PERCHERON, de la 9ème compagnie, dont la bravoure est légendaire au Régiment, constate, dès son arrivée à son poste, que les Allemands sont seulement séparés de lui par un barrage. Sans hésiter, il Ies attaque à la grenade, franchit le barrage, en met plusieurs hors de combat et fait des prisonniers. Mais il est lui-même frappé à mort au cours de l'opération.

La citation suivante, à l'ordre de l'Armée, est décernée à sa mémoire :

Le 9 octobre 1915, après une relève mouvementée, a organisé très rapidement et très judicieusement la défense du secteur de sa compagnie. S’est jeté résolument à la grenade sur les Allemands qui occupaient une tranchée voisine, en a tué et blessé plusieurs, provoquant la reddition d'une trentaine d'entre eux. A été mortellement blessé en voulant renouveler cette prouesse, montrant ainsi à ses hommes le plus grand courage et un réel mépris de la mort.

Mais un autre incident grave devait marquer encore cette relève difficile. Au moment où le Lieutenant-Colonel CIGNA et son état-major arrivaient à leur poste de commandement (un abri léger pris à l'ennemi quelques jours auparavant), un obus tombe sur le poste, blessant grièvement notre Chef de Corps et le Sous-Lieutenant GALLOIS, Officier porte-drapeau du régiment.

Le Commandant LAMBIN, Chef du 3ème bataillon, prend provisoirement le commandement du 120ème, laissant son bataillon aux ordres du Capitaine GIROUD DE GAND.

Cette journée du 9 sera, du reste, particulièrement sévère pour les nôtres : les positions de première ligne que nous occupons sont dans un état très précaire ; il faut, sous un violent bombardement, creuser des tranchées, relier entre eux les éléments déjà existants. Bref, nous perdons ce jour-là 26 tués, 127 blessés (dont les Sous-Lieutenants PORTERIE et DUMOULlN).

Quoi qu'il en soit, en fin de journée, le Régiment est disposé comme suit : 2ème bataillon, à gauche, en liaison avec le 328ème d'infanterie ; 3ème bataillon, à droite, en liaison avec le 93ème

Le 1er bataillon demeure en réserve au bois des Echelons.

Le 10, les bataillons de première ligne se portent en avant, attaquent à la grenade les avant-postes ennemis : ils réalisent ainsi une avance en profondeur de 300 mètres. Le 3ème bataillon fait 29 prisonniers.

A notre gauche, le 328ème qui tient Tahure repousse victorieusement une forte attaque ennemie.

Le 11, nos bataillons, bien que fortement bombardés, consolident leurs positions et nettoient les tranchées conquises. Au cours d'une reconnaissance, dirigée par le Sergent- Major CABOCHE, un puits allemand avec moteur et un gros dépôt de matériel est découvert en avant de notre première ligne, au ravin de la Goutte : l'eau est rare dans cette partie de la Champagne, et cette découverte est appréciée de tous.

D'autre part, nous faisons 7 prisonniers nouveaux et ramenons dans nos lignes des blessés français appartenant au 64ème d'infanterie et que l'ennemi n'a pu évacuer.

Ce même jour, le Capitaine RICHARD, venant du 9ème bataillon de chasseurs, prend le commandement du 1er bataillon.

Le 12, une attaque de notre 2ème bataillon échoue sous les feux de l'ennemi, qui semble renforcé et dont l'artillerie est puissante.

Les journées qui suivent sont employées à l'organisation du secteur du Gril. Nos patrouilles démontrent que l'ennemi travaille de son côté : le bombardement demeure violent.

 

Le 17 octobre, .le Lieutenant-colonel FORLOT, venant du 311ème d'infanterie, prend le commandement du Régiment.

Le 20, le Régiment est relevé par les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs et placé en réserve de division, il va occuper les anciennes tranchées allemandes, à 800 mètres au nord de Perthes.

Nos pertes, durant cette période, ont dépassé 50 tués et 200 blessés.

Dans la nuit du 24 au 25 octobre, le Régiment, mis à la disposition du Général commandant la 21e division, quitte Perthes et vient bivouaquer près de Mesnil-les-Hurlus.

Le 25, le 2ème bataillon, sous les ordres du Commandant LECOMTE, monte aux tranchées dans la soirée et, avec le 64ème d'infanterie, participe aussitôt à une attaque sur la côte 196. Cette attaque ne réussit pas, bien que le bataillon se soit lancé furieusement à l'assaut dans un élan admirable. L'ennemi contre-attaque immédiatement, et, malgré l'emploi de flammenwerfers et de grenades incendiaires, n'aboutit pas davantage. Les pertes des deux côtés sont lourdes : le 2ème bataillon a près de 200 hommes hors de combat (les Sous- Lieutenants THUlLLIER. et POINTURIER sont tués). Le 26 au soir, le 1er bataillon entre à son tour en ligne pour aller occuper les tranchées à 3 kilomètres au nord de Mesnil-les-Hurlus. Sa mise en place est difficile : il perd 20 tués, dont le Sous-Lieutenant NORMANDIN ; 166 blessés, dont les Sous-Lieutenants SARRAZIN et THUlLLIER.

Le 27, à 3 heures du malin, les Allemands, en force, attaquent le 2ème bataillon (7ème et 8ème compagnies). Attaques cinq fois renouvelées .par le 21ème bavarois, cinq fois repoussées. Nos pertes sont presque nulles ; celles de l'adversaire, qui laisse .beaucoup des siens devant notre front, sévères.

Le 28, le 3ème et 1er bataillon viennent tenir le secteur Courtine-Cobourg ; le 2ème bataillon demeurant à notre droite avec le 64ème d'infanterie.

Le poste occupé par le Colonel FORLOT se trouve être le même que tenait, en avril 1915, le Colonel GIRARD ; ce secteur est donc bien connu des éléments anciens du Régiment.

Le 29, après une courte préparation d'artillerie, une attaque, effectuée par les 1ere, 2ème et 12ème compagnies, sous les ordres du Commandant RlCHARD, se déclenche vers midi.

Elle a pour objectif la Courtine. Attaque vigoureuse qui réussit parfaitement : deux lignes successives de tranchées allemandes sont prises ; nous faisons 290 prisonniers, dont 3 officiers, un gros matériel de guerre aussi, dont 2 minenwerfers de 18 centimètres et 1 de 10 centimètres ; 4 mitrailleuses, de nombreux fusils.

En améliorant, dans la soirée, le terrain conquis, nos pionniers découvrent l'entrée de deux puits de mine. Dont les rameaux. Situés respectivement à 10 et 15 mètres de profondeur et d'un développement de 150 mètres environ, venaient aboutir : l'un sous un de nos postes d'écoute, l'autre sous notre ancienne tranchée de première ligne.

Les explosifs (4.000 kilos de cheddite) étaient déjà en place, notre attaque soudaine a mis l'ennemi dans l'impossibilité de réaliser ses intentions.

A 20 h. 30, puis, à 21 h. 30, l'ennemi, avec de forts effectifs, tente contre nos positions de furieuses contre-attaques, mais il est chaque fois repoussé par nos grenadiers, qui font devant notre tranchée de première ligne un barrage infranchissable, appuyé d'ailleurs vigoureusement par le tir de noire artillerie.

Le 30, nouvelles attaques ennemies ; de 3 heures à 5 heures, attaques effectuées par six compagnies bavaroises : elles échouent.

A 10 heures, contre-attaque ennemie, toujours contre notre 2ème bataillon.

Puis, enfin, de 18 h. 30 à 20 heures, trois attaques contre le 1er bataillon : tout cela constitue autant d'échecs pour l'adversaire, qui laisse de nombreux morts sur le terrain.

Du 31 octobre au 3 novembre, un peu d'accalmie : nous en profitons pour organiser Je terrain conquis.

Le 4 novembre, à 17 h. 45, l'ennemi reprend par trois fois ses attaques contre le 1er bataillon, mais sans plus de succès que les jours précédents. Une attaque, dirigée le même jour contre notre 2ème bataillon, permet à l'ennemi d'enlever un instant un poste d'écoute, mais la 8ème compagnie le reprend presque aussitôt, tuant les occupants allemands.

Le 5 novembre, enfin, le Régiment, relevé par le 410ème, va occuper à nouveau les anciennes tranchées allemandes conquises au nord de Perthes : il devient réserve de division,

Nos pertes au cours de ces journées ont été lourdes : plus de 130 tués, près de 600 blessés.

Par contre, les 1ère, 2ème et 12ème compagnies sont citées à l'ordre de l'Armée :

Le 29 octobre 1915, à la suite d'une attaque brillante et rapide, menée à la grenade, ont enlevé, sur un front de 200 mètres, deux lignes de tranchées allemandes, mettant 500 hommes hors de combat, capturant 300 prisonniers valides, 3 minenwerfers, 4 mitrailleuses et un matériel considérable ; dans la nuit suivante, ont conservé les positions conquises malgré de violentes contre-attaques ennemies.

D'autre part, le Commandant LECOMTE, commandant le 2ème bataillon, est cité à l'ordre du Corps d'Armée, et le Colonel, commandant le 64ème, envoie à notre Chef de Corps une lettre mentionnant la bravoure de ce bataillon :

Qui, dans une lutte incessante de onze jours, a réussi à tenir les positions extrêmement importantes, conquises précédemment et faisant subir à l'ennemi des pertes considérables.

Du 10 à 17 novembre, le secteur du Gril est encore occupé par le 120ème, qui y relève les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs. La lutte reste vive dans ce secteur où le bombardement est continu.

Le 20 novembre, après deux nuits passées au bivouac, le Régiment, enlevé par camions autos, quitte la Champagne pour aller se reconstituer dans la Meuse.

D'importants renforts : 6 officiers, 7 sous-officiers, 15 caporaux, 260 hommes vont d'ailleurs lui parvenir.

Pendant la période de demi-repos, qui va du 21 novembre au 12 janvier 1916, le Régiment occupe les cantonnements de la Neuville-en-Verdunois, Erize-la-Petite, Chaumont-sur-Aire Longchamps. Il fournit chaque jour des travailleurs pour l'organisation de la ligne de défense de l'Aire.

13ème : Verdun (rive droite)

Le 120ème va dès lors participer à la dure bataille engagée depuis février pour la défense de Verdun, attaqué furieusement par la masse des réserves allemandes.

Bataille sévère et meurtrière. En raison d'un tir incessant et puissant d'artillerie, toutes les organisations, à peine ébauchées au cours d'une nuit, sont détruites dans la matinée du lendemain ; peu ou point parfois de boyaux d'accès ; les communications sont exceptionnellement difficiles. Fait aggravant : au moment de l'entrée en ligne du Régiment, la pluie est incessante, le sol détrempé, les tranchées remplies d'eau. C'est l'enfer de Verdun.

Le 11 avril, le Régiment vient cantonner au quartier Bevaux, à demi-détruit par l'incendie.

Dans la nuit du 11 au 12, les officiers vont reconnaître le secteur de Fleury, que tiendront, le 12, le 3ème bataillon et la 1ere compagnie de mitrailleuses.

Dans la nuit du 12 au 13, les 1er et 2ème bataillons, dépassant Fleury, vont tenir le secteur de Vaux-Chapitre, limité à l'est par l'étang de Vaux et à l'ouest par le ravin de la Caillette au sud du fort de Douaumont. Déjà, nous subissons des pertes du fait de l'artillerie ennemie.

Le 14, le 3ème bataillon entre en ligne à son tour.

Le 15, la 6e compagnie, que commande le Capitaine RAVASSE, participe à l'attaque entreprise par le 36ème régiment d'infanterie, en position à notre droite. La 6ème compagnie enlève un barrage ennemi, prend 100 mètres de tranchées et fait 30 prisonniers (du 17ème d'infanterie) et 2 mitrailleuses.

Le Capitaine RAVASSE sera, pour ce fait d'armes ; décoré de la Légion d'honneur avec la belle citation suivante :

Officier d'une énergie et d'une bravoure remarquables. Le 15 avril 1916, a brillamment dirigé la prise d'un boyau et d'une tranchée ennemie dont la possession a facilité ultérieurement l'enlèvement d'un fortin important. Blessé au cours de l'attaque, est demeuré à son poste. Déjà deux fois cité à l'ordre de l'Armée.

L'adjudant BAILLET, de la 1e compagnie de mitrailleuses, reçoit la Médaille Militaire.

Sont, en outre, cités à l'ordre de l'Armée : le Lieutenant RAMBOUR ; les Sous- Lieutenants LIMON, DAMIN, HENRY ; le Sergent fourrier JACQUEMET ; les Sergents BRIDOU, LAVISSE, VIGOINE ; les Caporaux DUCHON, NOIZET, CRÉPIN ; les Soldats DEMAZIER, GARNIER, CUDENNEC, MOIZAN.

Cependant, ce même jour du 15 avril, le 1er bataillon remplace un bataillon du 36ème dans les tranchées ennemies nouvellement conquises, complètement bouleversées et sans boyau

1916

12ème : Occupation du Secteur de Troyon

Le 13 janvier, le Régiment va occuper le secteur calme de Troyon. Il tient tout d'abord les tranchées au nord et au nord-est du Rouvroy-sur-Meuse. .

Trois secteurs : à droite, secteur du Moulin-Haut (Commandant LAMBIN) ; au rentre, secteur de Rouvroy (Commandant LECOMTE) ; à gauche, côte 294 (Commandant CHENIVESSE, du 120ème territorial).

Un peu plus tard, à partir du 3 février, notre 120ème est dans les tranchées du bois de la Selouze où nous resterons jusqu'au 9 avril.

Peu d'événements dignes d'être relatés. Nos pertes sont légères durant cette période. Toutefois, au moment de la grande offensive allemande contre Verdun, l'ennemi manifeste quelques intentions agressives, et du 15 février à fin mars, une série d'alertes viennent animer la monotonie de ce secteur.

Nous travaillons beaucoup et renforçons considérablement nos positions.

Dès le 13 février, le Régiment a reçu un renfort de 85 hommes qui, sous les ordres du Capitaine DUJARDlN, vont constituer notre 2ème compagnie de mitrailleuses.

D'autre part, la nécessité d'un adjoint, ancien, aux Chefs de bataillons est apparue impérieuse. Les Capitaines JOULÉ, DAGALIER et FISCHBACH sont ainsi nommés Capitaines-Adjudants major, respectivement aux 1er, 2ème, et 3ème bataillons.

Le 9 avril, le Régiment est relevé à la Selouze par le 366ème d'infanterie ; il se porte, après relève, à Bouquemont et Tilly où il stationne le 10 avril.

Toutefois, au moment de la grande offensive allemande contre Verdun, l'ennemi manifeste quelques intentions agressives, et du 15 février à fin mars, une série d'alertes viennent animer la monotonie de ce secteur.

Nous travaillons beaucoup et renforçons considérablement nos positions.

Dès le 13 février, le Régiment a reçu un renfort de 85 hommes. Qui, sous les ordres du Capitaine DUJARDlN, vont constituer notre 2ème compagnie de mitrailleuses.

D'autre part, la nécessité d'un adjoint, ancien, aux Chefs de bataillons est apparue impérieuse. Les Capitaines JOULÉ, DAGALIER et FISCHBACH sont ainsi nommés Capitaines-Adjudants major, respectivement aux 1er, 2ème, et 3ème bataillons.

Le 9 avril, le Régiment est relevé à la Selouze par le 366e d'infanterie ; il se porte, après relève, à Bouquemont et Tilly où il stationne le 10 avril.

13ème : Verdun (rive droite)

Le 120ème va dès lors participer à la dure bataille engagée depuis février pour la défense de Verdun, attaqué furieusement par la masse des réserves allemandes.

Bataille sévère et meurtrière. En raison d'un tir incessant et puissant d'artillerie, toutes les organisations, à peine ébauchées au cours d'une nuit, sont détruites dans la matinée du lendemain ; peu ou point parfois de boyaux d'accès ; les communications sont exceptionnellement difficiles. Fait aggravant : au moment de l'entrée en ligne du Régiment, la pluie est incessante, le sol détrempé, les tranchées remplies d'eau. C'est l'enfer de Verdun.

Le 11 avril, le Régiment vient cantonner au quartier Bevaux, à demi-détruit par l'incendie.

Dans la nuit du 11 au 12, les officiers vont reconnaître le secteur de Fleury, que tiendront, le 12, le 3ème bataillon et la 1ere compagnie de mitrailleuses.

Dans la nuit du 12 au 13, les 1er et 2ème bataillons, dépassant Fleury, vont tenir le secteur de Vaux-Chapitre, limité à l'est par l'étang de Vaux et à l'ouest par le ravin de la Caillette au sud du fort de Douaumont. Déjà, nous subissons des pertes du fait de l'artillerie ennemie.

Le 14, le 3ème bataillon entre en ligne à son tour.

Le 15, la 6e compagnie, que commande le Capitaine RAVASSE, participe à l'attaque entreprise par le 36ème régiment d'infanterie, en position à notre droite. La 6e compagnie enlève un barrage ennemi, prend 100 mètres de tranchées et fait 30 prisonniers (du 17ème d'infanterie) et 2 mitrailleuses.

Le Capitaine RAVASSE sera, pour ce fait d'armes ; décoré de la Légion d'honneur avec la belle citation suivante :

Officier d'une énergie et d'une bravoure remarquables. Le 15 avril 1916, a brillamment dirigé la prise d'un boyau et d'une tranchée ennemie dont la possession a facilité ultérieurement l'enlèvement d'un fortin important. Blessé au cours de l'attaque, est demeuré à son poste. Déjà deux fois cité à l'ordre de l'Armée.

L'adjudant BAILLET, de la 1e compagnie de mitrailleuses, reçoit la Médaille Militaire.

Sont, en outre, cités à l'ordre de l'Armée : le Lieutenant RAMBOUR ; les Sous- Lieutenants LIMON, DAMIN, HENRY ; le Sergent fourrier JACQUEMET ; les Sergents BRIDOU, LAVISSE, VIGOINE ; les Caporaux DUCHON, NOIZET, CRÉPIN ; les Soldats DEMAZIER, GARNIER, CUDENNEC, MOIZAN.

Cependant, ce même jour du 15 avril, le 1er bataillon remplace un bataillon du 36ème dans les tranchées ennemies nouvellement conquises, complètement bouleversées et sans boyau d'accès.

Enfin, un obus blesse grièvement, au fort de Souville, le Capitaine BARBAUD.

Nous avons en fin de compte, pour celte journée, 13 tués, 62 blessés ou disparus.

Le 16, contre-attaque ennemie contre le 1er bataillon qui lutte désespérément : certaines unités, notamment la 4ème compagnie, combattant à la baïonnette. Malheureusement, une mitrailleuse ennemie qui ne peut être détruite prend d'enfilade nos compagnies qui subissent de lourdes pertes et sont obligées de se replier sur leur ancienne ligne.

Nous avons 36 tués, dont le Sous-Lieutenant AUBRY ; 238 blessés ou disparus (le Capitaine LEROY et le Sous-Lieutenant LIMAN sont parmi les blessés).

Le 17, le 3ème bataillon relève le 1er bataillon qui passe en soutien.

Nous avons encore 11 tués et 32 blessés.

Le 18, chez nos voisins de gauche, au 147ème, le feu prend dans le dépôt de fusées et de grenades, Leur Colonel, leurs trois Chefs de bataillon, d'autres officiers et des hommes sont blessés et, à demi-asphyxiés, ramenés au poste de commandement du Lieutenant-Colonel FORLOT.

Le Commandant LAMBIN va prendre provisoirement le commandement du 147ème.

Le 19, à 17 h. 30, a lieu une attaque conjuguée d'éléments du 120ème et du 147ème sur les positions ennemies au sud-est du fort de Douaumont.

Dans le secteur du 120ème, l'attaque menée par deux pelotons des 5ème (Lieutenant ROUVÈS) et 11e compagnies (Sous-Lieutenant ARNAUD) et le peloton des pionniers (Sous- Lieutenant FRIZON) réussit entièrement et aboutit à la prise d’un fortin ennemi, où sont faits - prisonniers 7 officiers, 4 aspirants, 260 Allemands : nous prenons, en outre, 5 mitrailleuses, 1 flammenwerfer et plus de 200 cadavres ennemis jonchent le sol.

Malheureusement, nos voisins ont eu moins de succès, si bien que nos combattants se trouvent quelque peu en l'air.

Le Commandant LAMBIN monte aussitôt une nouvelle attaque au 147ème ; mais cet excellent et sympathique officier est alors blessé par un obus et tombe frappé à mort.

Nos pertes pour la journée s'élèvent à 20 tués, 299 blessés et disparus.

Le Sous-Lieutenant LEMAIR est tué. Sont blessés : le Capitaine GIROUD DE GAND ; le Lieutenant RAMBOUR ; les Sous-Lieutenants MONTEL, HILLARET, ANGEVIN, DIDIER, DELHARBE, CLÉMENT.

Les pelotons des 5ème et 11e compagnies, ainsi que le peloton des pionniers sont cités à l'ordre de l'Armée :

Le 19 avril 1915, ont brillamment enlevé une redoute ennemie puissamment et fortement organisée, ont fait plus de 200 prisonniers valides, pris 6 mitrailleuses et 1 flammenwerfer ; ont su organiser et conserver la position conquise, malgré plusieurs contre-attaques ennemies.

Le 20 avril, le bombardement prend un caractère d'une violence inouïe.

Un obus blesse les officiers de la 1ère compagnie (Capitaine VERNAS, Sous- Lieutenants LÉVY, MONNIER et FRIZON).

L'ennemi lance une vive attaque avec flammenwerfers contre les chasseurs à pied, à notre gauche, et leur enlève des éléments de tranchée. Mais, dans une contre-attaque, la 8ème compagnie, aidée d'une demi-section du 147ème, reprend le terrain perdu.

Nous avons 16 tués et 43 blessés ou disparus.

Le 21, le bombardement demeure aussi intensif, nous avons 14 tués, 25 blessés et 1 disparu.

Le Commandant LECOMTE, du 2ème bataillon, va prendre le commandement provisoire du 147ème d'infanterie.

Et la bataille se poursuivra avec la même rage les journées suivantes : la relève du Régiment se faisant lentement, partie par le 147ème, partie par le 170ème, partie par des zouaves, nos pertes demeurant toujours sensibles.

On remarquera, dans le récit de ces journées, le mélange des unités et le nombre élevé des disparus. C'est que, d'une part. le commandement, devant faire face de tous côtés, s'empressait de boucher au plus vite, avec les éléments disponibles, les fissures qui, parfois, venaient à se produire dans nos lignes : c'est que, d'autre part, les évacuations étant impossibles, faute de boyaux d'écoulement, bien des blessés ne pouvaient être relevés et figuraient le soir comme disparus.

Les récits faits après la guerre par les historiens allemands, établissent, au surplus, que, de leur côté aussi, il n'en allait pas mieux que chez nous : ce fut pour tout le monde, de beaucoup, la période la plus cruelle de la guerre.

Pour le Régiment, du 12 avril au 26, les pertes dépassèrent 100 tués et 600 blessés ou disparus. Les cadres furent particulièrement éprouvés.

Pour les opérations des 19 et 20 avril, furent cités à l'ordre de l'Armée : le Commandant LAMBIN ; le Lieutenant AUBRY ; les Sous-Lieutenants ANGEVIN et LEMAIR ; les Sergents JACQUESSON et DELAVAL ; le Caporal BRlSON ; les Soldats CHATELERIN et LECOUTRE.

Le 27, notre Régiment vint cantonner à Landrecourt, d'où il fut embarqué en camions autos à destination de Villers-Ie-Sec, au sud de Ligny-en-Barrois.

Après quelques jours de repos, il fut à nouveau embarqué, en chemin de fer cette fois, et transporté dans une partie du théâtre de guerre toute nouvelle pour lui : dans l'Oise, à Méru d'abord le 3 mai, puis, du 3 au 11 mai, à Valdampierre.

Durant cette période, il fut solidement renforcé : 13 officiers, 6 adjudants, 66 sergents, 96 caporaux, 1.130 hommes (ceux-ci provenant partie des récupérés, partie des jeunes classes).

14ème : Sur l'Oise.

Le 12 mai, le Régiment est dirigé par voie de terre, par Liancourt, sur une nouvelle zone de large stationnement (Canly, Jonquières et Fayel) entre Compiègne et Estrées-Saint-Denis.

Le Capitaine FISCHBACH, promu Chef de bataillon à T.T., prend le commandement du 3ème bataillon.

Tout le mois de mai sera utilisé à fondre ancien et nouveau Régiment, à revoir et à parfaire l’instruction des cadres de la troupe.

Le 2 juin, le Commandant RICHARD, blessé accidentellement, est évacué et remplacé à la tête du 1er bataillon par le Capitaine JOULÉ.

Le 5 juin, nouveau mouvement par voie de terre, et cantonnement à Moyenneville et environs.

Le 6, étape de Moyenneville à Conchy-les-Pots.

La 87ème brigade, dont la composition n'a pas changé depuis le début des opérations (9ème et 18ème bataillons de chasseurs, 120ème d'infanterie), est mise à la disposition du 2ème Corps d'Armée colonial (10ème division d'infanterie coloniale)

Les 7 et 8 juin, notre Régiment relève dans le secteur du 'Bois des Loges, près de Beuvraignes, les 42ème et 53ème régiments d'infanterie coloniale.

Poste de commandement du Lieutenant-Colonel : à l'ouest du bois des Loges (sous- secteur de la Marlière).

1er bataillon : au nord du bois, au village des Loges.

2ème bataillon : au centre, au bois même.

3ème bataillon : au sud du bois.

Le secteur est fort calme et très bien aménagé, encore que le terrain soit, dans l'ensemble, plutôt marécageux.

Incidents à noter : le Commandant RICHARD, remis de son accident, vient, le 11 juin, reprendre son commandement.

Le 12, une de nos reconnaissances, dirigée par le Sous-Lieutenant DARCY, de la 6e compagnie, rencontre, vers la ferme du Buvier, une très forte patrouille allemande. Un engagement se produit, au cours duquel le Sous-Lieutenant DARCY est blessé mortellement, et où nous avons, en outre, 5 blessés. Le Sergent BRUDOU prend le commandement des survivants et ramène dans nos lignes le corps de son officier et les blessés.

Une nouvelle rencontre de patrouilles adverses se produit encore le 15 : nous n'avons, cette fois, aucune perte.

Les chasseurs relèvent le 120ème, les 19 et 20 juin : le Régiment cantonne à Conchy-Ies- Pots et Hainvilliers, en réserve de brigade. Celte situation durera jusqu'au 28. A ce moment, le Régiment a reçu sa 3ème compagnie de mitrailleuses, et les bataillons comporteront désormais trois compagnies de fusiliers et une de mitrailleuses.

En conséquence, les 4ème, 8ème et 12ème compagnies cessent de faire .partie du Régiment (23 juin) et appartiennent désormais au dépôt divisionnaire qui est, pour l'heure à Verberie.

Le 29 juin, le Régiment quitte, par voie de terre, la région de Conchy-Ies-Pots et se dirige vers Crèvecœur-Ie-Petit, Sourdon, puis sur Wailly, Neuville-sous-Leuilly et Traisnil, où il demeurera au repos du 1er au 11 juillet inclus.

Le 10 juillet, le Capitaine DURAND, des mitrailleurs de brigade, est nommé Adjudant- Major au 3ème bataillon. .

15ème : Sur la Somme.

Le 12 juillet, le Régiment reprend la route, toujours par voie de terre. Il cantonnera ce jour-là à Oresmaux, sera le 13 à Cachy et Hangard où il demeurera jusqu'au 16.

Du 17 au 22, le Régiment occupe des baraquements sous-bois, près de Villers- Bretonneux.

Le 22, il reçoit un peloton de canons de 37 (Sous-Lieutenant MONGIN, 3 sous-officiers, 3 caporaux, 32 soldats, qui seront rattachés à la 1ère compagnie de mitrailleuses).

Du 23 au 29, en cantonnement à Proyart, plus près du front déjà et à Chuignolles, du 30 juillet au 1er août inclus.

16ème : Engagement dans la région Assevillers-Belloy-en-Santerre.

Le 2 août, le Régiment reçoit l'ordre de venir se mettre en réserve de division dans les tranchées allemandes qui viennent d'être enlevées par nos troupes entre Fay et Dompierre.

1er bataillon : près de la ferme Bussus.

2ème bataillon : à 1 kilomètre au sud-ouest d'Assevillers.

3ème bataillon : à 400 mètres au nord de Fay.

Nous sommes sur le plateau du Santerre, terrain fort riche en temps de paix, mais qui se présente, pour la guerre, absolument plat, sans arbres et que, de plus, les pluies ont rendu fort peu accueillant.

L'ennemi nous y bombarde par artillerie de gros calibre. Nous occasionnant quelques pertes. .

Nous demeurerons, sans bouger, du 2 au 10 août, les journées étant employées au travail de retournement des tranchées naguère ennemies.

Le 11 août, le 120ème relève le 328ème en première ligne dans le secteur Assevillers-Belloy- en-Santerre.

Le poste de commandement du Chef de Corps est installé dans un ancien abri allemand au sud d'Assevillers, en bordure de la route Assevillers-Estrées.

Dans ce secteur, nouvellement conquis, le bombardement ennemi, par canons de tous calibres, prend une violence plus marquée. Nos pertes, les 13 et 14, s'élèvent à 3 tués, 20 blessés.

Le 15, notre artillerie, qui a pu repérer des objectifs utiles, entre en jeu à son tour. Nous avons 6 tués et 27 blessés.

Le 16, la 3ème compagnie (Capitaine TRINQUET) coopérera, avec les éléments du 328ème, à l'enlèvement de la tranchée dite de SouvilIe. Nous faisons 9 prisonniers du 5ème régiment de grenadiers de la garde.

Le soldat JUPIN se distingue particulièrement en cette circonstance, et reçoit la Médaille militaire :

Grenadier d’élite. Le 16 août 1916, après la prise d'une tranchée ennemie, n'a pas hésité à se porter seul jusqu'à une mitrailleuse allemande située à 40 mètres et qui décimait ses camarades, a mis hors de combat à coup de grenades les mitrailleurs ennemis et a rapporté la pièce dans nos lignes.

Sont, en outre, cités à l'ordre de l'Armée :

Le Capitaine TRINQUET.

Le Sous-Lieutenant BLANCHEMANCHE :

A abordé, le premier de la vague d'assaut, la tranchée ennemie qu'il a enlevée.

Le Sous-Lieutenant HACHET ; l'Aspirant IMBAUD ; les Sergents MICHAUX, RABADEUX, POUCHERET ; le Caporal OLIVIER ; le Soldat LE GOURRIÉRIC.

Dans cette journée, nous avons 11 tués et 50 blessés.

Le régiment est relevé, le soir du 16 par le 417ème : il revient à Proyart, puis vient cantonner, du 18 au 28 à Wiencourt-l'Equipée, près de Marcelcave.

Le 29, il est à nouveau à Proyart pour y demeurer jusqu'au 2 septembre.

Le 3, au bivouac, près de Chuignes ; le 4, dans les tranchées de seconde ligne entre Fay et Dompierre.

Le 5 enfin, il est en première ligne au sud-ouest de Berny-en-Santerre.

17ème : Nouveaux combats et prise par le régiment de Berny-en-Santerre.

Donc, ce 5 septembre, le 2ème bataillon, alerté dès 5 heures, se porte vers l'est et s'installe au ravin de Glatz.

A la même heure, le 1er bataillon reçoit l'ordre de venir en réserve de brigade à l'ouest de Belloy-en-Santerre.

A 16 heures, le 3ème bataillon est mis à la disposition du Colonel du 147ème pour relever, dans la nuit, le bataillon de gauche de ce régiment et participer à l'attaque de Berny-en- Santerre.

La relève peut s'effectuer sans incidents notables.

Le 6 septembre à midi, le Colonel, commandant l'attaque, reçoit l'heure d'attaque : 15 heures.

Notre artillerie bombarde, au surplus, Belloy depuis le matin.

A 14 heures, le 3ème bataillon prend ses dispositions pour l'attaque : 10ème à droite, 1e à gauche, ces deux compagnies formant chacune deux vagues d'assaut : la 9ème compagnie et la 3ème compagnie de mitrailleuses constituant la troisième vague.

A 15 heures, malgré un feu violent de fusils et de mitrailleuses, le bataillon se porte d'un seul bond jusqu'au village de Berny, dans lequel il pénètre, la 10ème compagnie en tête. Mais nos voisins ont moins bien réussi et nous nous trouvons avoir nos flancs découverts et exposés aux feux d'enfilade.

Malgré tout, la 10ème compagnie procède au nettoyage de Berny, opération au cours de laquelle le Capitaine DELEUTRE D'IVOI est grièvement blessé et le. Sous-Lieutenant CARON tué.

La 10ème compagnie doit finalement se replier au sud-ouest du village, et les compagnies se contentent de garder le terrain conquis à l'ouest du village, et d'assurer la liaison entre elles.

Les deux autres bataillons ont été aussi alertés, et le soir des éléments du 1er bataillon relèvent la 10ème compagnie. Le combat à la grenade continue d'ailleurs toute la nuit.

Mais nos pertes sont lourdes : 330 hommes, dont 40 tués (Sous-Lieutenant CARON tué, Capitaine D'IVOI disparu, Capitaine DURAND, Lieutenant MATILLARD, Sous-Lieutenant MELEK blessés).

La 10ème compagnie (Lieutenant ARNAUD, qui reçoit Ia Croix de la Légion d'honneur) est citée à l'ordre de l'Armée :

A attaqué, avec un élan et une bravoure admirables, sous un feu violent de mitrailleuses, une localité fortement organisée, l'a occupée partiellement, a repoussé deux contre-attaques ennemies en leur faisant subir de lourdes pertes et, malgré sa situation critique, presque entièrement entouré par l'adversaire, ne s'est retirée sur une position de repli que sur ordre, en combattant, après avoir perdu son Chef, un officier et les deux tiers de son effectif.

Le Caporal RIGNAL, de la 11ème compagnie, mérite la belle citation suivante, à l'ordre de l'Armée :

Très bon Caporal, d'une bravoure extraordinaire ; le 6 septembre 1916, sous un feu violent, a établi un barrage dans une tranchée qui venait d'être prise à l'ennemie. S'est vaillamment battu à la grenade pendant toute la nuit. A été tué en repoussant une contre- attaque.

Dans la nuit de 7 au 8, le 3ème bataillon est relevé par le 9ème bataillon de chasseurs.

Les deux autres bataillons sont en ligne. Nous perdons 17 morts et 38 blessés, dont le Capitaine RAVASSE.

Le 9 septembre, le Commandant LECOMTE (2ème bataillon) reçoit l'ordre de préparer une attaque à la grenade contre la tranchée du Tip. Mais le Commandant est tué à 16 h. 30, et l'attaque n'aboutit pas.

Nous avons 160 hommes hors de combat, dont les Sous-Lieutenants LEROUX et DELRUE blessés,

La perte du Commandant LECOMTE, le plus ancien officier supérieur du Régiment, qui a, au surplus, servi dans nos rangs depuis le début de la campagne, affecte douloureusement tout le 120ème.

Une belle citation à l'ordre de l'Armée honore la mémoire de cet excellent Officier :

Officier supérieur de grande valeur, d'une bravoure allant jusqu'à la témérité. Le 9 septembre 1916, s'est dépensé sans compter pour la préparation de l'attaque. Est tombé glorieusement dans la tranchée de première ligne au moment où il se disposait à donner le signal du départ.

Du 10 au 15, bombardement réciproque incessant.

Le 15, les 9ème et 18ème bataillons reprennent l'attaque tentée par notre 2ème bataillon : ils gagnent du terrain en avant.

Le 17 septembre, après une vigoureuse préparation d'artillerie, l'attaque générale est reprise.

Chez nous, elle sera menée, face au village de Berny, par le 1er bataillon (Commandant RICHARD) renforcé de la 7ème compagnie et d'un peloton de la 6ème.

L'attaque est fixée pour 14 h. 45.

On part à l'heure prescrite.

A 15 heures, un premier barrage est enlevé, puis, successivement, trois autres barrages ; l'ennemi se défend cependant avec acharnement par mitrailleuses et par grenades.

A 17 heures, la 3ème compagnie (Capitaine TRINQUET) atteint son objectif et fait 50 prisonniers : elle organise un barrage et cherche la liaison avec les compagnies voisines.

Au centre, à la même heure, la 2ème compagnie atteint les lisières de Berny. Elle traverse les premières maisons en ruines du village, mais se trouve arrêtée par le feu de mitrailleuses qui tirent, au centre du village, d'une maison transformée en blockhaus. Le feu est si vif qu'il force la compagnie à se terrer. Un nouveau bond permet cependant aux nôtres de gagner encore un peu de terrain en avant. .

A ce moment, le Caporal COLASSE s'approche du blockhaus ennemie et, à travers les meurtrières, lance plusieurs grenades : 15 mitrailleurs ennemis se rendent : leurs deux mitrailleuses sont prises.

La 2ème compagnie continue alors sa progression à travers le village dont elle fouille les caves.

De son côté, dès 15 h. 30, la 1ère compagnie s'est élancée à la conquête de la partie nord du village, mais des mitrailleuses ennemies n'ont pas tardé à gêner sa progression (le Sous-Lieutenant LARZÉ est tué à cet instant) et elle doit s'arrêter à une soixantaine de mètres de son objectif.

Or, la 2ème compagnie qui est dans Berny, constate qu'une contre-attaque ennemie se prépare contre notre 1ère compagnie immobilisée. Ce que voyant, la 2ème compagnie se lance furieusement sur la tranchée de départ ennemie et y fait 70 prisonniers. Mais tous les Officiers de la compagnie (Lieutenants SANTERRE et GENT ; Sous-Lieutenant MORTEL) sont blessés, et l'Adjudant ANDRÉ doit prendre le commandement : il fait aussitôt organiser la position conquise. Au cours de ce travail, les pionniers découvrent une cave qui renfermait 13 Allemands prêts à tirer dans le dos de notre 2ème compagnie.

Le soir, nous consolidons (1er et 2ème bataillons réunis) nos positions, et l'ennemi, qui voit sa position fort critique prend bientôt la résolution de se retirer vers Fresnes, en abandonnant les tranchées qu'il occupait encore à proximité de Berny.

Au cours de la journée du 17, nous avons perdu 29 tués, 90 blessés et disparus.

Mais le 1er bataillon est cité à l'ordre de l'Armée :

Sous les ordres du Chef de bataillon RICHARD, le 17 septembre 1916, s'est porté avec la plus grande bravoure, sous un feu violent, à l'attaque d'un village; a pris 1 canon, 5 mitrailleuses et fait 170 prisonniers valides.

Le Caporal COLASSE reçoit la Médaille militaire :

Modèle de courage et de dévouement, faisant preuve en toutes circonstances d'un absolu mépris du danger. Le 17 septembre 1916, s'est élancé à l’attaque d'un fortin allemand, malgré un feu violent ; avec un sang-froid admirable, il mis hors combat les mitrailleuses ennemis en lançant des grenades par les meurtrières de l'ouvrage et s'est emparé de deux mitrailleuses ; a ainsi permis la reprise du mouvement en avant.

Pour les opérations autour de Berny sont, en dehors de ceux déjà dénommés, cités à l'ordre de l'Armée :

Pour la journée du 6 : le Lieutenant-Colonel FORLOT, le Capitaine DELEUTRE D'IVOI, l'Aumônier SAINT-LÉGER, les Sous-Lieutenants COMBES, CARON et BERTHELOT ; les Adjudants VAUDON, DELÉON et MARC ; l'Aspirant PECHBERTY ; les Sergents VERRIER et OHL ; le Caporal CRESBON ; les Soldats COULON, CHARDERON, PASQUET, PRÉVOT.

Pour celle du 9 : le Sous-Lieutenant LOCQUENEUX, le Sergent DROUART ; les Caporaux GENTIL et LEFÈVRE ; les Soldats PALVADEAU et COQUARRIA.

Pour les journées suivantes, pour celle du 17 notamment : le Lieutenant DELPIERRE, les Sous-Lieutenants LEFEBVRE et LOUVET ; l'Adjudant-Chef CHAUVRET ; l'Adjudant ANDRÉ ; le Sergent HOVAT ; le Caporal JEANDEL ; les Soldats BRUNEAUX, CRANEGUY, DEVAUX, ESNAULT, JAMIN et JULIEN.

Le 18 septembre, le Régiment est relevé.

Le 19, il est embarqué en camions autos à destination de Sourdon-Anival et Louvrechy ; il y demeurera jusqu'au 14 octobre, recevant entre temps les renforts dont il a grand besoin : 1 Capitaine, 10 officiers ou aspirants, 4 adjudants, 34 sergents, 70 caporaux, 787 soldats.

En outre, quatre sous-officiers du Régiment sont promus officiers.

La période du 14 octobre au 25 décembre est celle d'une demi-détente pour le Régiment, qui occupe divers secteurs assez calmes dans la région d'Estrées-Deniécourt, Berny et BelIoy-en-Santerre, ou qui stationne en réserve dans des camps en arrière du front.

Les pluies sont venues et le terrain s'est transformé en boue : l'ennemi ne réagit guère que par des tirs d'artillerie lourde, mais notre artillerie domine manifestement la sienne.

Le 25 et 26 décembre, le Régiment s'embarque à Longueau, près d'Amiens. Il est envoyé, cette fois, en Lorraine et cantonnera dans la région de Toul, à Colombey-les Belles et Crêpe où il demeurera jusqu'au 26 janvier 1917.

1917

18ème : Période d'hiver en Lorraine, puis en Champagne.

Le 26 janvier 1917, le 120ème quitte ses cantonnements de repos et, par voie de terre, en cinq étapes, va occuper, dans la région comprise entre Baccarat et Lunéville, une zone de stationnement très large d'ailleurs. Il est à quelques kilomètres en arrière du front et sera employé à des travaux de défense (2ème position) dans le secteur du 40ème Corps d'Armée. Il fait très froid (-12° en moyenne), et sept heures de travail effectif, aller et retour non compris, sont demandées, chaque jour, les dimanches exceptés, au personnel du Régiment. Le .travail est pénible, car le sol est complètement gelé, et le séjour dans les cantonnements demeure, malgré les précautions prises, assez sévère en raison du grand froid : il neige souvent et beaucoup, cela durera ainsi jusqu'au 1O mars, date à laquelle le Régiment reprend la route pour venir, par Domptail, s'installer, à proximité de Toul, dans les baraques Adrian du camp de Bois-l’Evêque.

Cette fois, il ne s'agit plus de travail, mais d'instruction. Malgré le froid qui persiste, la troupe manœuvre et les cadres participent à des exercices sur la carte et sur le terrain, entendent des conférences.

Le Régiment demeurera ainsi jusqu'au 27 mars inclus. Le 28 mars, le régiment est transporté, par voie de fer, de Toul dans la région d'Epernay où il cantonnera jusqu'au 8 avril, entre Epernay et Dormans, puis, du 9 au 15 avril, dans des camps au sud-ouest de Reims.

19ème : Combats sur l'Aisne et au sud-ouest de Reims.

Le 15 avril, le Régiment, mis à la disposition de la Xe Armée, vient bivouaquer au nord du Grand-Hameau.

Le 16, dès 5 h. 30, il se porte en deux colonnes sur l'Aisne, qu'il franchit pour bivouaquer près de Beaurieux.

Le 17, il est en baraques à Muscourt, en réserve d'armée, prêt à exploiter le succès si une décision venait à se produire.

Le 19, il est à nouveau déplacé vers l'est, et vient occuper, en avant du village de Cormicy, le secteur de la Maison-Bleue, où il relève les 3èmes zouaves.

Deux bataillons : 2èmes à droite, 3ème à gauche, sont en première ligne. Le front s'étend de 300 mètres à l'est du village de La Neuville, à l'écluse de Sapigneul. Le 1er bataillon est en réserve.

Terrain mamelonné, coupé de cours d'eau, crayeux sur les hauteurs. La guerre de mines vient d'être très vive dans ce secteur qui demeure encore fort agité, et où le bombardement est incessant.

Déjà, la relève y sera difficile : un gros accident d'éclatement prématuré de grenades viendra, en cours même de relève, nous occasionner des pertes : 3 tués, 20 blessés.

Le Régiment demeurera une première fois en ligne, du 20 au 24 avril. Il s'emploiera à la réorganisation du secteur fort délabré par les luttes antérieures, et à Ia relève de nombreux cadavres.

Le 25, après relève, le Régiment vient stationner au camp A, à 500 mètres au nord de Châlons-le-Vergeur : une partie des troupes sera sous baraques, l'autre partie sous la petite tente-abri.

Le 27, le Général en Chef vient à Prouilly remettre la Croix de la Légion d'honneur au Lieutenant CHEVALIER, aux Sous-Lieutenants CARRIER et FRIZON ; la Médaille militaire à l'Adjudant CAPET.

Le 2 mai, le Régiment rentre en ligne pour occuper (2ème et 3ème bataillons), le sous-secteur de l'écluse de Sapigneul, où il relève le 328ème.

La journée du 3 mai est employée à la réorganisation du secteur, en vue de la participation du Régiment à une attaque générale qui doit avoir lieu le lendemain entre Berry- au-Bac et le fort de Brimont.

Le 4 mai, à 6 h. 50, le 120ème se lance à l'assaut en quatre vagues successives. Les vagues, protégées dans la marche par un feu roulant d'artillerie, atteignent les premières tranchées allemandes qui sont occupées, et où nous faisons quelques prisonniers.

Mais nos voisins de droite et de gauche, pris sous des feux croisés de mitrailleuses, n'ont pu avancer et nos unités se trouvent en l'air.

Cependant, à 7 heures, les 6ème et 7ème compagnies reprennent la marche en avant et pénètrent dans les tranchées de seconde ligne allemandes. Mais là, elles subissent, du fait des mitrailleuses ennemies, des pertes très lourdes : les survivants sont entourés de toutes parts par l'ennemi qui les fait prisonniers.

A la même heure, la 5ème compagnie est venue occuper l'ancienne tranchée de première ligne allemande que les 6e et 7ème ont laissée vide pour se porter plus avant.

De 7 h. 30 à 9 heures, nos compagnies, occupant des tranchées ennemies à peu près nivelées par le bombardement, sont, en outre, prises d'enfilade par des feux de mitrailleuses. Elles doivent bientôt se replier par petits groupes pour s'abriter, un peu au hasard, dans des trous d'obus.

II est désormais visible que l'attaque a échoué et qu'elle ne pourra reprendre. A la nuit, nos éléments regagnent nos lignes en subissant des pertes incessantes : le Sous-Lieutenant RACAGEL est tué.

Nos pertes, au cours de cette malheureuse journée, ont été sévères : 30 tués (dont le Sous-Lieutenant RACAGEL), près de 200 blessés (dont le Sous-Lieutenant DULANDEL), plus de 300 disparus (dont les Lieutenants BERCK, CHEVALIER et ROUOIS ; les Sous-Lieutenants DUBOIS, DIDIER, PECHHERBY).

Par contre, le Sous-Lieutenant MARTIN et le soldat ACKET sont cités à l'ordre de l'Armée.

La journée du 5 mai sera employée, sous un violent bombardement ennemi, à remettre de l'ordre dans les unités et à réorganiser le secteur. Nous avons encore, ce jour-là, 14 tués et 20 blessés (dont le Sous-Lieutenant BILLET).

Le 6, le 1er bataillon relève le 3ème, qui passe en réserve. Pertes : 9 tués, 12 blessés.

Le 7, une attaque tentée à notre droite par le 87ème, attaque à laquelle participent quelques éléments du Régiment, ne réussit pas.

Les 8 et 9, le bombardement garde toute sa violence. Nous perdons dans les trois journées des 7, 8 et 9 : 12 tués, 42 blessés.

Le 10 mai, au petit jour, le Lieutenant BERCK, disparu depuis le 4, rentre dans nos lignes. Le vaillant Officier, fait prisonnier le 4, avait réussi à s'échapper des mains de l'adversaire, et il s'était tout d'abord dissimulé dans de vieux abris allemands. Repris à nouveau, il s'échappe encore et, traversant, au bénéfice du brouillard, les lignes allemandes, il parvient à rentrer au Régiment après six jours de misère ; mais cet Officier est, en outre, blessé à la cuisse et il doit être dirigé sur un centre hospitalier. Il recevra d'ailleurs la Légion d'honneur pour son acte de courage.

Le même jour, à partir de 22 heures, le 328ème relève le 120ème.

A nouveau, notre Régiment va être remis au repos et à l'instruction, du 11 mai au 14 juillet 1917 ; il stationnera d'abord dans les camps de Brouilly et de Romigny, puis, avec tout le 2ème Corps, devenu réserve du groupe des armées du centre, il viendra, par étapes, à partir du 7 juin, cantonner dans la région de Revigny, à Pargny-sur-Saulx, Bignicourt-sur-Saulx, Etrepy.

Durant cette deuxième période de demi-repos, il prendra part à des exercices d'instruction et à plusieurs manœuvres. Les méthodes de combat viennent, en effet, d'être très modifiées, et cadres et troupe ont grand besoin de s'assimiler le nouveau règlement de combat.

Le 8 juillet, le Lieutenant-Colonel FORLOT quitte le Régiment, où le lieutenant-Colonel breveté BUREAU le remplace à la tête du 120ème. Le Lieutenant-Colonel BUREAU vient du dépôt du 8ème tirailleur.

Le 12 juillet, les Lieutenants REGIEN et SANTERRE sont promus Capitaines ; les Sous- Lieutenants FRIZON et BAUDRY sont promus Lieutenants et maintenus au Régiment.

Le 15 juillet, le Régiment est enlevé en camions autos et est débarqué à proximité de Verdun, aux environs de Dombasle en Argonne.

20e : Verdun (rive gauche : cote 304), puis devant Saint-Mihiel.

Le 16 juillet, le Régiment bivouaque, partie au camp des Clairs-Chênes, à un kilomètre au nord de Rampont (état-major et 3ème bataillon), partie dans le bois de Bethelainville, au nord de Dombasle (1er et 2ème bataillons).

Dans la nuit du 16 au 17, le Colonel et les Officiers vont reconnaître le secteur de la cote 304.

C'est un mamelon abominablement déchiqueté par suite des nombreux bombardements qu'il ne cesse de subir et qui a déjà été le théâtre de sanglants combats. Les communications y sont évidemment fort difficiles, comme il est devenu de règle à Verdun. Accrochées aux pentes du mamelon, dans une situation précaire, à peu, près sans tranchées et sans boyaux de liaison, nos compagnies, mises à la disposition du Général commandant la 73ème division, vont y subir encore de dures épreuves.

 Quoi qu'il en soit, dans la nuit du 17 au 18, le Régiment relève deux bataillons du 272ème et un du 356ème.

1er bataillon : à l'est, du quartier du Bec.

2ème bataillon : à l'ouest, au quartier Brocart.

3ème bataillon : en deuxième position.

Le Colonel : au poste de commandement de l'oratoire au nord d'Esnes.

La mission du Régiment est tout d'abord de tenir le secteur, et ensuite de préparer le terrain en vue d'une action offensive entre la cote 304 et le Mort-Homme qui est à l'est de 304.

Le Régiment travaille sous un bombardement quotidien très violent et qui nous occasionne des pertes sensibles. En particulier, un gros obus de 155, tombant le 24 sur le poste de commandement du 2ème bataillon, nous occasionnera 16 tués et 14 blessés. Peu d'incidents à noter cependant. La relève, dans l'intérieur du Régiment ou par des bataillons d'autres régiments, se fera régulièrement de huit jours en huit jours, entre le 17 juillet et le 9 août, date à laquelle le Régiment, définitivement relevé, est transporté en autos à Velaisnes. Le Général commandant le 13ème Corps adresse au Colonel ses félicitations officielles pour la belle attitude du Régiment à la côte 304 (le Sergent GAMAND et le Soldat VACOUSIN auront mérité une citation à l'ordre de l'Année). Au cours de ce séjour, le 120ème aura eu 29 tués et 87 blessés (dont le Sous-Lieutenant MALLET).

Nous avons eu aussi d'assez nombreux évacués, intoxiqués du fait de l'ypérite, un gaz nouveau dont l'adversaire fait contre nous un usage constant.

Du 10 au 14 août, le Régiment restera au repos à Velaisnes, près de Ligny-en-Barrois.

Puis, embarqué en camions autos, il sera transporté à Rupt devant Saint-Mihiel.

Du 15 au 27 août, le 120ème, qui y a relevé le 272ème, va occuper le secteur calme de Bisler-Han, au nord de Kœur-la-Grande. Nos patrouilles s'y montrent très actives, et l'ennemi, impressionné et craignant une attaque, de réagir par son artillerie ; cependant nos pertes seront légères, dans ce secteur : quelques blessés.

Le 27 août, le Régiment relevé est transporté, en camions autos, d'abord à Domrémy- aux-Bois et Saulx-en-Barrois, où il cantonne jusqu'au 31 août inclus. .

Puis, à partir du 1er septembre, par voie ferrée, puis par voie de terre, il gagnera Barbant-en-Argonne pour y demeurer jusqu'au 8.

Le 9 septembre, il bivouaque au camp des Pommiers, d'où il va rentrer en ligne dans le secteur d'Avocourt ; il y stationnera pendant la plus grande partie l'hiver 1917-1918.

21e : Occupation du Secteur d'Avocourt.

Dans le secteur d'Avocourt, où le 120ème restera environ cinq mois, deux bataillons sont habituellement en ligne, le 3ème en deuxième position.

Quand nous allons au repos, c'est pour occuper les villages de Brabant-en-Argonne et Auzéville.

Le Régiment demeure généralement, par roulement entre les bataillons, quinze jours en ligne, et pour une période d'égale durée, au repos.

Dans le secteur, le bombardement n'est pas très marqué, mais les obus à gaz y alternent avec les explosifs.

Le terrain est un vaste plateau boueux (nous sommes en hiver), où tranchées et boyaux s'effondrent sans cesse. Il faut lutter contre les éléments plus encore que contre l'ennemi, et la troupe doit fournir un travail énorme, presque toujours de nuit. Il faut clayonner sans cesse tranchées et boyaux, creuser des puisards et des fossés pour l'écoulement des eaux. Comme, d'autre part, il pleut beaucoup et que les gelées sont fréquentes, l'existence dans ce secteur déshérité est sévère, et nous avons plus de malades que de pertes du fait du canon ennemi (du 9 septembre 1917 au 15 février 1918, le Régiment, qui entre temps recevra 250 hommes de renfort, n'aura que 8 tués et 59 blessés, dont le Sous-lieutenant DIZY).

Cependant, le 11 octobre, dans notre secteur, un obus tue le Général CHALLE, commandant la division, et blesse grièvement son Chef d'état-major, le Commandant PATROLIN.

Le Général RÉMOND remplace le Général CHALLE à la tête de la 4ème division. Enfin, définitivement relevé le 15 février 1918, le Régiment est transporté, par voie ferrée, dans la région de Bar-le-Duc.

1918

22ème : Début de 1918.

De la région de Bar-le-Duc, où à partir du 15 février il restera environ une semaine, le 120ème gagne, par voie de terre, la région de Vitry-le-François, et vient occuper les cantonnements de Bassuet et de Bassu. Il y demeurera jusqu'au 15 mars, cadres et troupes étant, durant cette période de repos, remis à l'instruction.

Le 28 février, le Lieutenant-Colonel BUREAU a quitté le 120ème et a été remplacé, à la tête du Régiment, par le Lieutenant-Colonel breveté GUILLIOT,

23ème : Verdun (rive droite : Occupation du Secteur de Louvemont, cote 344).

La 4ème division a reçu l'ordre, le 15 mars, d'aller relever à Verdun, sur la rive droite de la Meuse, la 11ème division, qui y occupe le secteur de Louvemont.

En conséquence, le 120ème, embarqué en chemin de fer, le 18 mars, à Blesmes, débarque le 19, au petit jour, à Baleycourt, près de Verdun et sur la rive gauche de la Meuse.

Le 19, le Régiment traverse Verdun et vient cantonner à Bras, d'où il montera en première ligne, dans la nuit, pour occuper le sous-secteur Le Pays : 2ème bataillon en première ligne ; 1er bataillon, en soutien, derrière le 2ème ; 3ème bataillon, en réserve d'I/O, plus en arrière encore.

Le secteur occupé est plus désolé encore, si c’est possible, que ceux de la côte 304 et d'Avocourt, que le Régiment a précédemment tenus. C'est, en tout cas, toujours l'enfer de Verdun avec des bombardements incessants, les obus à gaz ypérite devenant de plus en plus nombreux et nous occasionnant des pertes, surtout aux heures de ravitaillement.

La période du 19 mars au 1er avril sera marquée par une grande activité de l'artillerie ennemie qui vise à nous laisser croire à une nouvelle attaque imminente sur Verdun, afin de nous obliger à maintenir nos réserves dans ce secteur. (Notre commandement commence cependant à préparer la bataille de la Somme.)

Notre artillerie rend coup pour coup, et l'ennemi, désireux de savoir ce qui se passe chez nous, multiplie ses coups de main. Mais notre grand quartier général maintient ses décisions, et le 27 mars, le Régiment s'étale encore davantage.

Quoi qu'il en soit, celle bataille d'artillerie ne laisse pas que de nous occasionner des pertes : du 16 mars au 6 avril, nous avons à déplorer la perte de 6 tués et 65 blessés.

Le 30 mars, puis le 4 avril, les bataillons roulent entre eux dans les positions de première ligne, de soutien, de réserve : le 30, le 3ème bataillon est en première ligne ; le 5 avril, le 1er bataillon l’y remplace.

Le 7 avril, événement plus grave : le 1er bataillon, qui est en première ligne, est violemment bombardé.

A 5 heures, une attaque ennemie, forte de six compagnies pourvues de flammenwerfers et dotées de nombreuses mitrailleuses légères, se jette contre notre position du Buffle, dans le but d'enlever notre ligne de résistance.

Or, chez nous, les ordres donnés sont que les défenseurs de la parallèle de surveillance doivent, en cas d'attaque, se retirer sur la parallèle de résistance. Le mouvement s'exécute par échelons en combattant.

La section GAUMONT (2ème compagnie), plus particulièrement visée par l'ennemi, ne se laisse pas entamer. Les éléments allemands, qui l'abordent à l'est, sont pris sous les feux croisés des sections GAUMONT et BAUDRY et des mitrailleuses du 9ème bataillon de chasseurs, qui sont à notre droite : c'est ici un échec pour l'adversaire.

Nous sommes moins heureux à l'ouest, à notre gauche. Ici une fissure s'est produite entre nous et le 18ème bataillon de chasseurs : les Allemands pénètrent jusqu'à notre ligne de résistance, mais. vivement contre-attaqués aussitôt, ils sont définitivement rejetés sur leur position.

A 6 h. 10, nous sommes entièrement maîtres de notre tranchée de première ligne.

Mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les Allemands ont abandonné de nombreux morts sur le terrain. Nous avons pris, d’autre part, 7 officiers, dont 4 non blessés et 19 hommes.

Nous avons, au 120ème, 5 tués (dont le Sous-Lieutenant DESCHAMPS), 11 blessés, dont le Sous-Lieutenant GAUMONT), 72 disparus (dont un officier).

Le Sous-Lieutenant GAUMONT, légèrement blessé au cours du combat, est fait Chevalier de la Légion d'honneur, pour sa brillante conduite.

Les Sous-Lieutenants DESCHAMPS, BEAUREPÈRE ; l'Aspirant PACHY ; le Soldat LECOMTE, sont cités à l'ordre de l'Armée.

A partir du 10 avril, le secteur redevient plus calme et, du 13 au 17 avril, la 4ème division sera relevée, par bataillons successifs, par la 52ème division.

Le 17 mai, le Régiment est à Verdun. Ce même jour, il s'embarque à Baleycourt, pour aller cantonner dans la région de Charmont, Noyers, Auzecourt, non loin de Revigny, où il demeurera au repos jusqu'au 7 mai.

Période de repos employée à la reprise de l'instruction et à l'encadrement de renforts fort nécessaires.

24ème : Retraite sur l'Ourcq.

De la fin de mai au 6 juin, le Régiment sera engagé dans la bataille de l'Ourcq : c'est la grande offensive allemande sur la Marne ; toutes leurs réserves, rendues libres par la défection des Russes, donnent à plein contre nous et leur permettent un gain de terrain fort sensible :

D'autre part, les Allemands, qui sont en nombre, travaillent à coups d'hommes, en consentant les plus durs sacrifices.

Toute troupe française attaquée de front, l'est en même temps par ses ailes : c'est la méthode de l'encerclement ; nous y laisserons beaucoup des nôtres, comme l'ennemi lui-même.

Donc le 27 mai, le Régiment, embarqué en chemin de fer, est transporté dans la région de Compiègne.

En raison de la prise par l'ennemi de notre position du Chemin-des-Dames, le 120ème est dirigé, le 28 mai, sur Neuilly-Saint-Front, la Ferté-Milon, et placé d'abord en réserve de division à Grand-Rozoy, Beulgneux, où il bivouaque. .

Mais, tout de suite, le Régiment va être jeté en pleine bataille. Le 29, le 1er bataillon, avant-garde de régiment, reçoit l'ordre d'aller occuper : La Montjoie, à 2 kilomètres au sud- ouest de Launoy, où il sera à la disposition du Commandant du 18ème bataillon de chasseurs.

Suivant la tactique nouvelle, l'ennemi attaque aussitôt notre 1er bataillon de front, mais, n'ayant ainsi obtenu aucun succès, il cherche à l'encercler à droite et à gauche. Au cours de la nuit, le 1er bataillon, qui a ses flancs découverts, reçoit l'ordre de se replier sur Grand-Rozoy.

Le 30 mai, au petit jour, les 2ème et 3ème bataillons du Régiment 80nt en première ligne à Grand-Rozoy ; le 1er bataillon en réserve de régiment au signal de La Baillette.

A 9 h. 30, l'ennemi nous y attaque une première fois et subir un échec. Il reprend l'attaque à 12 heures, et nous déborde sur nos flancs ; à 15 heures, nous devons retraiter sur Oulchy-le-Château. La 1ere compagnie est sacrifiée pour protéger la retraite du 2ème bataillon : elle finit cependant par se décrocher difficilement, en subissant d'ailleurs de lourdes pertes.

La liaison entre les unités du Régiment n'est pas toujours établie : les 2ème et 3ème compagnies, avec le commandant RICHARD et des hommes du 3ème bataillon, se joignent au 9ème bataillon de chasseurs et s'organisent, près de la ferme de Géréménil, pour protéger le passage de l'Ourcq.

Nous avons, les 29 et 30 mai, 7 tués, 109 blessés (dont le Lieutenant GOINGT et le Sous-Lieutenant GAUTHlER) et plus de 300 disparus (dont un officier).

Le 31 mai : les attaques ennemies reprennent. Repoussé encore de front, l'Allemand procède à nouveau par infiltration sur nos flancs qui sont découverts, car les liaisons de régiment à régiment, et même de bataillon à bataillon (tant chacun combat sur un front étendu) n'existent guère. Nous battons à nouveau en retraite et repassons l'Ourcq, à Vichel-Nanteuil.

En liaison, cette fois, avec les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs, nos unités s'installent derrière l'Ourcq pour en interdire le passage à l'ennemi.

Une lutte furieuse s'engage : après six heures de résistance, nos flancs sont à nouveau débordés, et le Colonel reçoit l'ordre de faire retraiter le Régiment vers le sud ; le 120ème se retire par le Madon, les bois de Latilly-Sommelans, puis à 1.500 mètres plus au sud, où nous trouvons une position organisée et où le Régiment s'installe.

Ce jour-là, nos pertes sont relativement moins fortes : 6 tués, 90 blessés, 34 disparus.

Le 1er juin, le 1er bataillon reçoit l'ordre de réoccuper Sommelans pour se lier à des éléments du 147ème en position à l'est du village, mais l'ennemi est déjà dans Sommelans avec de nombreuses mitrailleuses. Le village est repris, mais pour peu de temps, car, assaillis de tous côtés, nos vaillants soldats, presque tous de la 1ère compagnie, doivent bientôt se replier sur le gros du Régiment.

La retraite reprend par échelons, en ne cédant le terrain que pied à pied.

Nous nous défendons ainsi dans Courchamps, en liaison avec le 367ème régiment d'infanterie, puis dans Hautevennes, et finalement sur le front Vinly-sur-Chézy, et Chézy-en-Orxois.

Notre résistance va d'ailleurs en s'accentuant et des renforts nous parviennent enfin.

Dans la soirée, l'ordre arrive de tenir à tout prix sur les positions que nous occupons.

Le 1er bataillon, qui s'est joint au 9ème bataillon de chasseurs, tient la route de Chézy à Vinly, en liaison à droite avec les cyclistes d'une division de cavalerie.

A 19 heures, l'ennemi attaque Vinly ; il est repoussé par notre feu et par les autos- mitrailleuses de cavalerie, et n'insiste plus ce jour-là.

Nos pertes sont de 4 tués, 21 blessés, 11 disparus.

Le 2, au petit jour, nos soldats se sont accrochés au terrain et se dissimulent dans les blés. En vain, l'Allemand nous a mitraillés toute la nuit sans arrêt ; ses avions nous ont survolés à faible altitude. En vain, vers 5 heures, l'ennemi repart à l'attaque sur Chézy et sur Vinly, attaque qui sera débordante par la vallée du Clionaux, affluent de l'Ourcq. Nous avons été ravitaillés en munitions, notre artillerie a été renforcée, la trouée est bouchée, l'Allemand ne passera plus désormais.

Nouvelle attaque ennemie vers 9 heures : nouvel échec de l'adversaire.

Nos pertes du 2 juin seront d'ailleurs légères : 1 tué, 12 blessés. Le 3 juin, encore une attaque contre le 1er bataillon : l'ennemi, qui arrive presque jusqu'aux abords de notre ligne, est encore repoussé.

Nous avons 1 tué et 7 blessés (dont le Sous-Lieutenant MONTElL).

Le colonel commandant l'I.D. 73 félicite le 1er bataillon pour sa belle et vigoureuse résistance.

Le 4 juin, l'ennemi, reconnaissant son impuissance devant notre front, s'efforce de s'infiltrer dans la vallée très boisée du Clignon pour déborder notre flanc droit. Mais nous nous empressons de renforcer notre droite et formons un crochet défensif pour nous relier aux éléments de défense de la vallée qui ont cédé, au premier choc, un peu de terrain. Nous faisons des abatis et infligeons, d'autre part, à l'ennemi de fortes pertes par nos feux bien ajustés. Notre ligne devient de plus en plus solide.

Le 5 juin, au petit jour, après un coup de main de notre part sur Dammart, qui ne donne au surplus aucun résultat, nous sommes relevés par des éléments de la 47ème division de chasseurs, et le Régiment va cantonner à May-en-Multien.

Cette phase de la campagne a été des plus dures, pour notre brave 120ème. Le Régiment, jeté à l'improviste dans une bataille déjà perdue, y a fait preuve de son mordant habituel. Jour et nuit, il a fallu se battre, marcher, creuser le sol, et le ravitaillement en vivres et en munitions ont eu le plus souvent bien de la peine à arriver jusqu'aux combattants : mais la marche allemande sur Paris a été brisée, et chacun espère en une revanche qui, en fait, ne tardera guère.

La Médaille militaire récompense les plus héroïques d'entre nous. En outre, le Général commandant la VIe Armée cite à l'ordre de l'Armée : les Capitaines CONSTANS, SCHLEXER, VIOT, ROUX ; le Médecin major MINVIELLE ; les Lieutenants LEIGNAC, AYMONIN, LE ROY- ORSONI, GUILLOT ; les Sous-Lieutenants MONTEIL, DELHOMME, CAZABAN ; les Sergents BAURY et COLLET ; le Caporal LECOMTE ; les Soldats lLLlET, DUMAS, MOLARD.

Du 6 au 14 juin, le Régiment est employé à des travaux de défense sur la droite de l'Ourcq, entre Crouy et Lizy.

Le 15 juin, il vient tenir une position de deuxième ligne en avant de Thury-en-Valois, position à, peine .ébauchée et qu'il met en état de défense (tranchées et réseaux de fils de fer).

Le 1er bataillon est à Mareuil-sur-Ourcq, le 2ème à Villeneuve-Saint-Thury, le 3ème à Boullare, l'état-major à Thury-en-Vallois. Nous y demeurerons du 15 juin au 11 juillet.

25ème : Reprise de l’offensive française (Marne et Vesle),

Le 12 juillet, le 120ème est transporté, par camions autos, jusqu'à Orly-sur-Morin, où il stationne jusqu'au 15.

Dans la nuit du 15 au 16, toujours par autos, il s'en va par Montmirail, Champaubert, Vauchamps jusqu'à Margny, où il débarque vers 8 heures.

De là, par route, le Régiment se portera à pied dans région de Ballue, où il sera en réserve d'infanterie. Durant l'étape, des avions ennemis, nous survolant, lancent sur nos troupes des bombes, et nous font 15 blessés (dont le Sous-Lieutenant SEIGNERlN).

Le 17, à 15 heures, à la nouvelle que l'ennemi a pris pied dans le bois de Condé-en- Brie, le Régiment est alerté, la 1ère compagnie est envoyée à Montchevret pour couvrir le Régiment sur sa gauche.

Le 18, au petit jour, les bataillons vont relever en deuxième ligne des bataillons du 25ème et des 2èmes régiments d'infanterie :

1er bataillon, aux abords de Clairefontaine.

2ème bataillon, au bois des Maréchaux.

3ème bataillon, plus en arrière aux Glapieds.

Nous sommes soumis à un violent bombardement, et avons 3 tués et 15 blessés.

Dans la nuit du 18 au 19, le 1er bataillon relève en première ligue un bataillon du 147ème près de la Marne ; le 2ème bataillon à La Chapelle-Monthodon ; le 3ème bataillon avec le Colonel est à Clairefontaine.

Le bombardement par obus de gros calibre et par obus à gaz nous occasionne encore 17 blessés.

Le 20 juillet, dans la nuit, le Régiment reçoit un ordre d'attaque.

Objectif : la Bourdonnerie, la Vitarderie, la Marne.

Une compagnie de chars légers marchera avec le Régiment :

Après une préparation d'artillerie de dix minutes, l'attaque est déclenchée à 6 heures. Mais l'ennemi vient de battre en retraite précipitamment, laissant sur le terrain de nombreux cadavres d'hommes et de chevaux, ainsi que d'importants dépôts de munitions.

Les 1er et 2ème bataillons occupent donc la Bourdonnerie et la Vitarderie, puis sont dépassés par le 3ème bataillon et une compagnie du génie qui vont border la Marne. Mais l'ennemi a fait sauter tous les ponts sur la rivière.

La 11ème compagnie et le peloton de pionniers s'efforcent de réparer une passerelle et de jeter des éléments au nord de la Marne. Ils sont accueillis par de violents feux de mitrailleuses qui empêchent tout passage et nous font subir des pertes (26 blessés, dont le Sous-Lieutenant BACHIMONT).

Le 21, la 10ème compagnie se .prépare à lancer une nouvelle passerelle, quand l'ordre arrive de surseoir à toute tentative ce jour-là. L'ennemi semble ne pouvoir tenir longtemps sur les bords de la Marne, et notre commandement veut ménager nos effectifs.

Dans la nuit du 21 au 22, le Régiment est, d'ailleurs, relevé par le 32ème régiment d'infanterie : il va cantonner à Ballue où il demeurera deux jours.

Le 24, la 4ème division reçoit l'ordre de relever la 73ème division, durant la nuit du 24 au 25.

A 13 heures, le Régiment se met en marche et vient s'installer dans la forêt de Condé- en-Brie, à la Grange-aux-Bois. La Marne est franchie à Sauvigny, sur un pont de bateaux, à 23 heures.

Le 25, dans la nuit, le Régiment va relever le 356ème par dépassement de ligne (au nord de Barzy-sur-Marne). Nous sommes dans la forêt de Ris, et avons comme mission de poursuivre l'offensive commencée par le 356ème.

Les 1er et 2ème bataillons attaquent en première ligne, à 9 h. 30. Ils enlèvent les premières tranchées allemandes, réalisant une avance moyenne de 500 mètres en profondeur. Le 1er bataillon capture 28 prisonniers et 7 mitrailleuses. Mais nous nous trouvons, au-delà, dans une partie de la forêt, très touffue, où la progression est difficile et où nous arrêtent au surplus des feux de mitrailleuses invisibles.

Nous avons 16 tués (dont le Sous-Lieutenant BARRÉ), 42 blessés (dont les Lieutenants BAUDRY et LEIGNAC et le Sous-Lieutenant MAISONNAVE).

Le 26, l'attaque est reprise par surprise, sans préparation d'artillerie, dans la direction du ruisseau de la Belle-Aulne. Nous gagnons péniblement 200 mètres de terrain, et sommes arrêtés à nouveau par des mitrailleuses lourdes et légères : elles sont plus nombreuses que la veille.

En fin de journée un peloton de la 7ème compagnie essaie, sans y réussir, de détruire un nid de mitrailleuses ennemies.

Nous avons 13 tués (dont le Sous-Lieutenant HAUQUIEZ), 51 blessés.

Le 27, au petit jour, nos patrouilles rendent compte que l'ennemi a cédé et s'est retiré pendant la nuit.

La marche en avant est reprise : à 10 h. 30, le premier objectif ruisseau de la .Belle- Aulne est atteint ; un peu plus tard, le deuxième, chalet de la Villardelle-l'Etang, est dépassé.

Le troisième objectif, ferme du bois de la Forge, sera occupé sans difficulté par le 2ème bataillon, mais le 1er bataillon sera arrêté quelque temps, à 800 mètres de la lisière nord de la forêt, par des mitrailleuses ennemies qu'il manœuvre ; en fin de journée, le 1er bataillon aura, lui aussi, atteint son dernier objectif.

L'artillerie ennemie réagit fortement sur la lisière nord de la forêt : nous avons 1 tué et 9 blessés.

Le 28 au matin, la marche en avant est reprise. Le Régiment a ordre d'attaquer le bois au nord de la défense, et d'en occuper les lisières nord et ouest.

Le 1er bataillon agira de front, pendant que le 2ème débordera le bois par ses deux flancs.

Les trois compagnies du 1er bataillon sont bientôt .arrêtées (mitrailleuses), et s'emploient avec succès à détruire ces mitrailleuses par tir de V.B.

La 5ème compagnie, qui fait face à l'est, met en fuite les éléments ennemis qui tenaient la lisière nord-ouest du bois. A 15 heures, cette compagnie tient, elle-même la lisière nord du bois. L'ennemi, ainsi tourné, lâche sa position et s'enfuit par le nord-est, laissant entre nos mains un aspirant et une mitrailleuse.

A 17 heures, tout le bois est en notre possession, et le 1er bataillon s'y organise en profondeur.

Le 2ème bataillon a poussé des éléments jusqu’à 300 mètres au sud du bois Meunière, où l'arrêtent des mitrailleuses ennemies installées dans ce bois.

A 22 heures, le 1er bataillon est relevé par le 3ème, et passe en réserve.

Nous avons, dans la journée, 7 tués, 31 blessés (dont le Capitaine BUVAT).

Le 29, les 2ème et 3ème bataillons essaient par cinq fois, d'enlever la lisière sud du bois Meunière, sans y réussir ; les mitrailleuses ennemies nous occasionnant, par des feux de flanc, des pertes sensibles.

Un peloton de la 10ème compagnie, sous le commandement du Sous-Lieutenant FILY, puis des fractions de la 5ème compagnie arrivent bien jusqu'au bois, mais, violemment contre- attaquées, ces unités ne peuvent s'y maintenir. Le Sous-Lieutenant FILY et le Sergent MORDEL seront, un peu plus tard, cités à l'ordre de l'Armée, pour leur vaillance.

37 tués, 63 blessés ou disparus (dont le Lieutenant MOREAU et le Sous-Lieutenant VERDENAT).

Dans la nuit du 29 au 30, le Régiment est relevé par le 147ème régiment d'infanterie, et placé en réserve à la lisière nord de la forêt de Ris, qu'il organise.

Nous avons 19 intoxiqués (dont le Commandant FISCHBACH).

Cependant, devant nous et sous la pression du 147ème, l'ennemi a abandonné le bois Meunière, et il continue à battre en retraite.

Le 2 août, le 120ème suit le 147ème, il traverse le bois Meunière.

A 17 h. 30, le Régiment est à Goussancourt.

A 16 heures, le régiment reçoit l'ordre de relever des éléments de la 18ème division.

Le 1er bataillon remplaçant le 32ème régiment d'infanterie à Vieux-Vezilly ; le 2ème, le 77ème au bois de Renus : notre ligne d'avant-postes est sensiblement à 800 mètres au sud d'Igny- l'Abbaye ; le 3ème bataillon est en réserve d'infanterie.

Le 3 août, le Régiment reprend la marche en avant, précédé par des cavaliers : nous poussons activement les arrière-gardes ennemies, dont le gros se replie sur l'Ardre.

A 8 heures, nous entrons dans Arcis-le-Pousart.

A 9 heures, dans Courville, où nous atteignons l'Ardre, dont les ponts sont sautés.

Vers 11 heures, des éléments avancés de nos 1er et 2ème bataillons réussissent à franchir l'Ardre, et à occuper les hauteurs entre le Grand Moulin et la ferme Maison.

A 17 heures, deux compagnies entières du 2ème bataillon ont franchi l'Ardre, et, en liaison à droite avec le 25ème régiment d'infanterie, à gauche avec le 147ème, attaquent la cote 179, où, par mitrailleuses et canons, l'ennemi nous oppose une .vive résistance.

Cependant, à 21 h. 30, tous nos objectifs sont atteints.

Dans la nuit, la compagnie du génie 2/52, aidée de nos pionniers, répare les passerelles de Courville-sur-I'Ardre.

Nous n'avons que 3 blessés dans la journée.

Le 4 août, le 1er bataillon traverse l'Ardre, avant le jour, sous le bombardement ennemi, et vient s'établir à l'ouest du 2ème bataillon, sur le mouvement 179, dont l'ennemi tient encore la partie nord et la ferme La Cuse.

Le 3ème bataillon passe l'Ardre à son tour vers 4 heures.

A la même heure, les 1er et 2ème bataillons se lancent à l'attaque des positions ennemies, où celui-ci les arrête d'abord par mitrailleuses et par un fort tir de barrage d'artillerie.

L'attaque, reprise à 15 heures, n'avance guère pour les mêmes raisons : 1 tué, 12 blessés.

Mais, le 5 août, l'ennemi, désemparé, a évacué le terrain pendant la nuit. Nous le suivons et gagnons enfin la Vesle entre Villette (inclus) et 100 mètres au sud de Magneux : bien entendu les ponts de la Vesle sont sautés, et des mitrailleuses allemandes gardent la rive nord ; tout le Tardenois est cependant définitivement délivré.

Nous venons, dans ces derniers temps, de réaliser une avance de 35 kilomètres en profondeur.

Le 6, journée de bombardement réciproque. Nos patrouilles reconnaissent les passages sur la Vesle : 3 tués. 16 blessés.

Le 7, le Régiment relevé vient bivouaquer au sud de Courville.

Le 8, il cantonne à Vezilly.

Le 9, il est sur la Marne, à Verneuil.

Enlevé en autos, le 11, il traverse Epernay et Châlons, et vient cantonner, jusqu'au 13 septembre, dans la région Herpont-Dompierre-le-Château, Noirlieu.

Le 16 août, le Lieutenant-Colonel SALLES remplace le Lieutenant-Colonel GUILLIOT, à la tête du Régiment

26e : Dernière offensive de Champagne.

Dans la nuit du 13 au 14 septembre, le Régiment, partie par autos (1er bataillon), partie par route (le reste du 120ème), vient cantonner à Auve, puis aux Camps est de Somme-Suippe el du Tremblay.

Le 15, les 1er et 2ème bataillons occupent le sous-secteur Dormoise, dont le Colonel prend le commandement ; le 3ème bataillon demeurant en réserve au Camp du Tremblay.

Nous sommes dans la région de Mesnil-les-Hurlus, en face de Tahure : le Régiment y a combattu deux fois déjà en 1915.

Le 120ème s'organise en vue d'une prochaine offensive.

Peu d'incidents ; des pertes très faibles jusqu'au 23 septembre.

Le 24, un fort coup de main ennemi nous enlève l'adjudant ; et 9 nommes.

Nous sommes relevés le 15, et placés en deuxième position derrière la 3ème division.

Le 26, après une formidable préparation d'artillerie, l'armée GOURAUD attaque sur tout son front. .

Devant nous, la 3ème division enlève Tahure et les hauteurs avoisinantes.

La 4ème division suit le mouvement.

Le 29 septembre, elle relève par dépassement la 3ème division.

Le 120ème remplace, en première ligne, des éléments du 87ème et du 51ème d'infanterie :

3ème bataillon, dans le ravin de Kœnigsberg, en formation d'attaque.

1er bataillon, en soutien, au camp de Paderbonn.

2ème bataillon, en réserve.

A 6 h. 30, le 3ème bataillon se jette sur le plateau ouest de Manre (Manre est dans les Ardennes), et atteint son premier objectif, sous un tir serré d'artillerie et de mitrailleuses qui bientôt arrête son élan.

En collaboration avec le 18ème tirailleur, la 10ème compagnie s'efforce de déborder les mitrailleuses, et y réussit à la tombée de la nuit, faisant 12 prisonniers valides (du 9ème grenadiers de la garde), pendant qu'une vingtaine d'autres se rendent aux tirailleurs.

L'ennemi abandonne, en outre, 12 mitrailleuses et laisse une vingtaine de cadavres sur le terrain.

Le 3ème bataillon achève alors de nettoyer la tranchée ennemie Bingen, qu'il occupe complètement.

Cependant à notre droite, le 18ème bataillon de chasseurs a encore fait plus de progrès en avant que nous, et un vide existe entre ses éléments de gauche et notre 3ème bataillon. A 19 h. 30, le 1er bataillon, qui a suivi le 3ème, vient boucher, malgré la nuit noire et le mauvais temps l'intervalle ainsi laissé vide : ce mouvement. S'exécute à merveille.

Le 2ème bataillon pousse jusqu'au camp de Paderbonn.

Nous avons 9 tués et 64 blessés (dont le Sous-Lieutenant VAUDOlS).

Le 30 septembre, au petit jour, des patrouilles de la 2ème compagnie s'emparent de 4 canons de 77, de 18 chevaux harnachés, et font 2 prisonniers.

A 9 h. 30, l'attaque est reprise : deux compagnies du 1er bataillon et la 9ème en tête.

A 11 heures, l'ennemi est refoulé jusqu'au chemin d'Aure, à Marvaux, puis nous arrivons jusqu'à des réseaux derrière lesquels tirent des mitrailleuses.

Mais, encore une fois, le 18ème bataillon de chasseurs, ayant réussi à franchir des réseaux se trouve plus avant que nous : nous progressons alors avec l'aide des pionniers du Régiment et des sapeurs du génie, qui cisaillent cinq réseaux successifs ; nous gagnons, ce jour-là, 7 kilomètres en profondeur.

4 tués, 39 blessés (dont le Lieutenant DIOT et le Sous-Lieutenant BÉNARD).

Le 1er octobre, au petit jour, le Capitaine DELPIERRE (1ère compagnie) s'empare, par une attaque à la grenade, d'un premier blockhaus, où il prend une mitrailleuse et fait des prisonniers.

A 10 h. 30. l'attaque générale est reprise, mais l'ennemi contre-attaque en même temps, et le combat devient particulièrement violent. Nous finissons par l'emporter, et la 1ère compagnie s'empare encore d'un blockhaus bétonné (1 aspirant prisonnier, 1 mitrailleuse enlevée).

La 2ème compagnie, à son tour, prend elle aussi, un troisième abri bétonné.

Puis c'est la 3ème qui s'empare d'un quatrième blockhaus, et fait 20 prisonniers.

Une contre-attaque ennemie, vers 11 h. 45, est complètement repoussée : nous demeurons maîtres de la crête pour laquelle on s'est battu, et établissons solidement nos liaisons à droite et à gauche.

Tout de même, nous avons encore ce jour-là, 6 tués et 67 blessés (dont le Capitaine DELPIERRE et le Sous-Lieutenant DENIS).

Le 2, le 2ème bataillon remplace le 1er bataillon en première ligne et tente de gagner encore du terrain en avant : il franchit un premier réseau ennemi, mais est arrêté devant des nids de mitrailleuses.

L'attaque est reprise le 3, après une courte préparation d'artillerie et des tirs de stokes et de V.B., deux réseaux sont franchis : de nouveaux prisonniers et des mitrailleuses tombent encore entre nos mains.

Pour ces deux jours, le 2ème bataillon a 6 tués et 87 blessés (dont les Capitaines ORIIONI et SANTERRE ; le Lieutenant LE BIHAN ; le Sous-Lieutenant FAURE).

Au total, du 29 septembre au 3 octobre, nous avons gagné 15 kilomètres en profondeur, et fait des prises importantes.

Dans la soirée du 2 octobre, le 87ème relève le 120ème. Nous retournons au camp de Paderbonn, où nous demeurons au repos jusqu'au 9 octobre.

Les 10 et 11, nous suivons les mouvements de la 3ème division, qui, elle aussi, va gagner du terrain en avant.

Puis, nous recevons une nouvelle destination.

Le 12, le Régiment est aux abris Mollandin, ravin de la Goutte ; le 13, à Bussy-Saint- Rémy, gare d'embarquement en chemin de fer ; dans le train les 14 et 15 ; le 16, en Lorraine, près de Lunéville : il cantonne à Frambois-Montcel.

Les succès du Régiment en 1918, sur la Marne, la Vesle et en Champagne, lui valent sa deuxième citation à l'ordre de l'Armée :

Superbe Régiment, qui a déjà fait preuve de son mordant dans l'attaque, et de sa ténacité dans la défense au combat de Bellefontaine, le 22 août 1914.

Sous le commandement du Lieutenant-Colonel SALLES, s'est de nouveau distingué, d'abord au cours de l'offensive de juillet-août 1918, sur la Marne, en progressant de 35 kilomètres, en capturant 8 mitrailleuses, 50 prisonniers et un nombreux matériel; puis, au cours de l'offensive de Champagne, en pénétrant sur 15 kilomètres de profondeur dans les organisations ennemies, en enlevant de haute lutte 15 mitrailleuses et une batterie de 77 toute attelée, en s'emparant de 100 prisonniers et d'un butin considérable. .

Cette deuxième citation confère au 120ème le droit au port de la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre,

27ème : Dans la forêt de Parroy.

Le 17 octobre, le Régiment est appelé à participer à la garde de la forêt de Parroy (sous-secteur de Froidefontaine), secteur relativement calme, mais fort étendu ; les abris y sont précaires,

Les trois bataillons sont en ligne.

Peu d'incidents.

Dans la nuit du 29 au 30, le 3ème bataillon exécute une reconnaissance offensive sur la lisière du bois Blamont, mais l'ennemi ne réagit guère et abandonne ses lignes pour éviter le contact.

Le 5 novembre, le Régiment a ses deux derniers blessés de la guerre (l'Adjudant JACQUOT et le Soldat SÉCHAU DE KERSALlEC).

Le 9 novembre, encore un coup de main : du 1er bataillon cette fois, contre le bois Blamont : nous pénétrons encore dans les organisations ennemies d'où l'adversaire s'est une fois de plus retiré .à notre approche,

Le 11 novembre, nous arrive la nouvelle de la signature de l'Armistice, alors que l'armée de Lorraine (24 divisions), dont fait partie notre Régiment, allait s'élancer, dans une vigoureuse offensive, contre l'ennemi manifestement désemparé (il ne pourrait nous opposer que quatre divisions fatiguées).

28ème : Marche vers le Rhin.

Conformément aux stipulations de l'Armistice, nous demeurons en place pendant cinq jours.

Le 17, le Régiment, quittant, l'arme sur l'épaule, la forêt de Parroy, gagne, pour la dernière fois, les organisations défensives ennemies.

A un kilomètre de Xures, le poteau-frontière est franchi. Le drapeau est déployé, le Régiment traverse, musique en tête, les villages de Lagarde (inoccupé), puis de la Bourdonnaye, dont toutes les maisons sont pavoisées de drapeaux français, et dont les habitants accueillent nos soldats avec un vif enthousiasme.

La marche glorieuse continuera les jours suivants : nous traverserons ainsi Sarrebourg, Reichshoffen, Wissembourg, reçus partout en libérateurs, pour aboutir enfin au : Rhin ! Souvenir impérissable ! Récompense suprême bien due aux vaillants du Régiment !

Depuis son départ de Stenay (31 juillet 1914), le 120ème d'infanterie a pris part à toutes les grandes batailles de la campagne : l'offensive en Belgique, la Marne, l'Argonne, la Champagne en 1915, Verdun en 1916, la bataille de la Somme, la deuxième bataille de la Marne.

Beaucoup des nôtres sont tombés durant ces rudes combats, mais les survivants ne les oublient pas, et un monument, dû à la reconnaissance émue des Anciens du 120ème, sera bientôt érigé en leur honneur, à Stenay, au seuil de l'ancienne caserne du Régiment.

L'Armée française a fait son devoir vis-à-vis de la Patrie en danger, mais sauvée, grâce à Elle !

 

Source : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/06/55/53/120-ri/ri-120.pdf

 

Date de dernière mise à jour : 06/02/2016

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